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“Il va nous falloir redevenir des apprenants”, Erwan Deveze.

Publié le par Journal du Luxe

La résilience, une notion à la portée de toutes et tous ? Erwan Deveze, fondateur de Neuroperformance Consulting et auteur, revient sur les facettes de ce concept fondamental, au coeur de la nouvelle édition, 100% online, du Salon du Luxe Paris.

Journal du Luxe : Quelle est votre vision de la résilience d’entreprise ?

Erwan Deveze : Pour répondre à cette question, il faut revenir à la définition de la résilience au niveau individuel, à savoir la capacité à initier un nouveau stade de développement après avoir vécu un trauma, une situation de crise. Au niveau de l’entreprise, cela renvoie à sa capacité à rebondir, éventuellement à se réinventer, en fonction de la nouvelle donne. La dimension d’acceptation est extrêmement importante. Pas l’acceptation comme signe de résignation ou de renoncement, mais au sens du « je prend acte d’une nouvelle situation et je m’adapte en conséquence ». 

Au niveau des entreprises, je crois beaucoup plus à l’évolution qu’à la révolution. Il y a beaucoup de grands discours sur le fait que plus rien ne sera comme avant, sur le monde d’après, etc. Les beaux discours du type « les jolis lendemains » sont très beaux sur le principe mais s’accordent un peu moins à la réalité. En termes d’évolution, ce que nous avons vécu depuis trois mois va être un accélérateur extraordinaire sur un certain nombre de pratiques telles que le télétravail ou le management, mais en aucune façon nous n’allons inventer un nouveau monde. En tout cas, c’est ma conviction. Nous allons simplement affiner, accélérer, définir, de nouvelles priorités et c’est en cela que la résilience collective, la résilience d’entreprise, est absolument fascinante.

JDL : La résilience d’entreprise est-elle une qualité innée ouun savoir-faire à apprendre ? Obéit-elle à de grandes phrases ?

E.D : Là encore, il faut revenir à l’individu pour ensuite extrapoler au groupe. Nous possédons tous un certain nombre de prédispositions qui font que nous ne sommes pas égaux devant la résilience. Au niveau de l’entreprise, c’est exactement la même chose ! Chacune a son histoire, son adn, son secteur d’activité qui va la prédisposer plus ou moins à une certaine forme d’agilité. Mais la résilience est avant tout le résultat d’un travail, d’une forme de discipline. C’est un point important à signaler car si nous partions du principe que la résilience est très largement innée, cela supposerait de mettre de côté un certain nombre de personnes et donc, d’aggraver encore davantage les inégalités. Si nous ne sommes pas tous égaux devant la résilience, nous avons tous en nous la capacité d’initier des processus résilients, à la vitesse qui sera la nôtre, avec la force qui sera la nôtre. C’est vrai à titre individuel et collectif.

Même s’il n’y a pas de recette magique, il y a un certain nombre de fondamentaux de la résilience. La première des choses, une fois encore, est l’acceptation au sens du “prendre acte”. Ensuite vient le processus d’acceptation, le changement de mindset. Nous sommes aux débuts d’une période assez exceptionnelle où, pour faire face à la complexité environnante, il va falloir que chacun devienne un apprenant permanent. Il va nous falloir ôter nos costumes de sachants, un peu péremptoires, pour redevenir des apprenants. Si cette crise a un intérêt, c’est bien celui là. Nous pensions tout savoir, tout contrôler et nous nous sommes finalement retrouvés confinés pour échapper à une menace, comme à l’âge des cavernes. C’est cette leçon d’humilité qu’il faut retenir.

Ensuite, pour initier et accélérer ces processus de résilience, il y aura un certain nombre de dimensions à traiter, notamment via l’action learning : le cerveau n’est pas fait pour se taper de la théorie pendant des siècles ! Il n’apprend jamais aussi rapidement qu’en se plongeant dans l’action. Mais cela suppose qu’il faut reconnaître le droit à l’échec… Le deuxième point-clé est de renforcer la diversité des organisations pour mieux comprendre le monde et l’évolution des tendances. Le troisième point, absolument évident, est de simplifier. Nous nous sommes gavés de reporting, de process, de procédures… Dans un moment où l’énergie cérébrale n’est pas aussi puissante qu’il y a un an, quand tout allait bien, il faut savoir aller à l’essentiel pour travailler plus efficacement.

Quelles sont les qualités d’un manager résilient ? Comment le neuro-management peut-il renforcer la résilience collective ? Rendez-vous pour la suite de l’interview d’Erwan Deveze en format vidéo, en exclusivité sur le site du Salon du Luxe Paris 2020.

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