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“En une semaine, nous avons réussi à faire des choses que nous n’arrivions pas à faire depuis deux ou trois ans !” – Frédéric Tresal Mauroz.

Publié le par Journal du Luxe

Comment produire des contenus de marque innovants – Luxe ou non – tout en se pliant aux contraintes de la distanciation sociale ? Les formats de production nés durant le confinement ont-ils un rôle à jouer pour le futur du brand content ? Décryptage avec Frédéric Tresal-Mauroz, co-président de Prodigious France, l’agence de production du groupe Publicis.

Journal du Luxe : Après plusieurs mois de crise du covid-19, quelle est votre vision du monde de la production ?

Frédéric Tresal Mauroz : Nous avons mesuré quatre effets cumulatifs. Le premier d’entre eux est un cataclysme pour le domaine de la production. Je vais être un peu caricatural mais dans la demi-heure qui a suivi l’annonce du confinement, nous avons posé les appareils photo et les caméras, mis tous les talents à l’arrêt. Arrêt total et crash financier : le monde de la production – et, avec lui, de l’événementiel – est l’un des plus impactés par la crise. 

Le deuxième effet a été celui d’une réactivité immédiate, ou comment arriver à mettre une centaine de collaborateurs en plateaux et en régies en télétravail. En une ou deux journées, nous avons pu remettre l’entreprise au travail ! En mode dégradé, certes, mais au travail.

Le troisième effet est l’innovation. Qu’il s’agisse de la digitalisation de nos façons de travailler au déploiement d’une nouvelle organisation de production, tout un tas de technologies et de process ont été projetés en avant alors qu’ils n’étaient pas forcément utilisés auparavant. En une semaine, nous avons réussi à faire des choses que nous n’arrivions pas à faire depuis deux ou trois ans ! 

Le quatrième effet, actuel, est lié à notre responsabilité face à l’ensemble de nos collaborateurs et de nos clients. Les studios ont réouvert, dans des conditions sanitaires extrêmement strictes. Nous ne pouvons pas travailler comme nous le faisions avant la crise. Nous avons repensés nos process avec ces nouvelles contraintes.

JDL : Pendant le confinement, les programmes en télévision ont donné la part belle à des émissions home made. La tendance va t-elle se pérenniser, s’étendre et donner naissance à de nouvelles formes de brand content ?

F.T.M : C’est pour moi une évidence. À partir du moment où de nouvelles formes de production ont été mises en avant, elles vont probablement se pérenniser. Il faut oser penser différemment, il faut oser aborder les sujets de production de façon différente. Même si c’était déjà un peu le cas avant, la création et la production sont maintenant totalement fusionnées ; les projets créatifs sont plus que jamais confrontés à la réalité de production. Aujourd’hui, on ne peut pas prévoir des tournages dans des stades pleins, ni dans des boîtes de nuit. On ne peut pas voyager à l’étranger, ni faire venir des talents extérieurs. Ces systèmes home made, où l’on se produit soi-même avec un iphone ou tout autre matériel, modifient le travail de production. Il faut coacher en amont, accompagner à distance, puis s’occuper de toute la post-production pour délivrer le bon niveau de qualité.

Prenez l’exemple d’Eva Longoria qui s’est elle même filmée en train de se faire une coloration capillaire. Cela apporte autre chose, c’est un autre style d’écriture, plus vrai, plus proche des gens, plus authentique. Ces nouvelles écritures vont, je le pense, continuer à se développer.

Mais aussi : les tendances « Re-Use », « Audio”, “Local is the new Global » et “Mass Personnalisation », les relations entre data et brand content, les nouvelles tendances de contenus pour le Luxe… Retrouvez l’intégralité de l’intervention de Frédéric Tresal-Mauroz sur la plateforme du Salon du Luxe Paris 2020 spécial Résilience.

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