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Ces nouvelles matières qui piochent dans vos assiettes

Publié le par Journal du Luxe

En exclusivité pour le Club des Chroniqueurs du Journal du Luxe, Caroline Tchang, consultante en transformation d’entreprise et codirigeante des technologies durables chez IBM, nous raconte l’histoire de quelques biomatériaux.

9,2 kilos de textiles et chaussures par an

En moyenne un Français achète 9,2 kilos de textiles et chaussures par an, d’après l’Agence de la transition écologique (ADEME). Mais la crise du coronavirus est passée par là. Selon un sondage exclusif de BVA réalisé pour le Nexans Climate Day en septembre 2020, près d’un Français sur trois se dit désormais prêt à consacrer un peu de son budget pour lutter contre le réchauffement climatique. Ces déchets, dont on ne savait que faire hier encore, se transforment donc aujourd’hui en matières premières de premier ordre, réconciliant l’industrie textile avec les nouvelles problématiques environnementales.

Des lunettes de soleil en coquille d’huîtres

C’est toute l’histoire de Laurent Pezé et Sandrine Guyot, deux bretons engagés qui se sont lancés le défi de créer des lunettes de soleil originales, de qualité mais surtout respectueuses de l’environnement. 

Après deux ans de recherche et développement et une campagne de financement participatif sur Ulule, ils lancent en 2018, avec l’aide de laboratoires de recherche, des montures 100% made in France à partir de coquillages et crustacés de récupération sous la marque de Friendly Frenchy. D’abord les lunettes sont fabriquées à partir de moules, huitres et coquilles Saint-Jacques mais très vite la gamme s’étend. En septembre 2020, en pleine crise sanitaire, un nouveau modèle voit le jour, cette fois à base de… pépins de raisins !

Du raisin sur le bout du nez et…à nos pieds

Vous l’avez compris : les biomatériaux sont en vogue, tout comme les déchets agricoles. Les déchets vitivinicoles notamment, bénéficient de l’image de l’art de vivre à la française, le fameux triptyque « vin rouge, baguette, béret » (et fromage, mais le compte ne serait pas bon pour un triptyque) et constituent une véritable mine d’or.

Laure Babin, jeune entrepreneuse bordelaise, créé la marque Zeta et gagne la deuxième place du concours récompensant les meilleurs projets entrepreneuriaux des étudiants de l’Université de Bordeaux avec des baskets 100% vegan. Ces chaussures sont conçues à partir de bouchons de liège recyclés, de plastiques repêchés dans la Méditerranée et surtout de déchets vitivinicoles broyés, transformés en pâte et reconstitués sous forme de « cuir ».

Et le succès est au rendez-vous puisqu’elle parvient début octobre 2020 à financer sa première production sur la plateforme Ulule avec près de 2683 préventes, sur un objectif initial de 100 préventes uniquement.

Mangez des pommes… ou pas ?

On connaissait les cuirs d’ananas, voici les pommes ! 26% de pommes, 20% de polyester, 16% de coton, 36% de polyuréthane : c’est la composition des cuirs vegan utilisés pour les sacs et ceintures de la marque Minuit sur Terre. La marque, fondée en 2016 par Marie Viard-Klein, s’est fixée pour mission de rendre le véganisme sexy et propose ainsi des produits vegan à partir de déchets de pommes de l’industrie agroalimentaire, de viscose issue de céréales, de bouteilles repêchées dans la Méditerranée et également de déchets viticoles.

Une formule qui fonctionne, puisque le chiffre d’affaires de la jeune entreprise n’a cessé d’augmenter depuis 2017 passant de 200 000€ à 900 000€ en 2019 et prévoit même une augmentation de 20 à 30% cette année en pleine crise sanitaire et économique.

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