Exclusif

“Ce n’est pas parce qu’on a beaucoup de followers qu’on a forcément la capacité à créer une marque globale”, Odile Roujol.

Publié le par Journal du Luxe

Quels entrepreneurs Beauté vont tirer leur épingle du jeu dans le monde post Covid-19 ? Depuis la Californie, Odile Roujol, Fondatrice de Fab Ventures – structure d’accompagnement des entreprises Mode et Beauté et première communauté Fab Fashion / Beautytech – dévoile sa vision d’une nouvelle forme d’influence cosmétique. Retrouvez en exclusivité pour le Journal du Luxe, les premières lignes de son interview réalisée en exclusivité dans le cadre de l’édition 100% digitale du Salon du Luxe Paris spécial “Résilience”.

Salon du Luxe Paris : Quelques mois après le début de la crise du coronavirus, quel premier bilan pouvez-vous tirer pour l’industrie de la Beauté aux US ? 

Odile Roujol : À mon sens, les fondateurs qui disposent à la base d’une communauté bien précise sont les plus solides. Je pense notamment à la sustainability ou au recyclage pour l’univers de la mode, ou encore au self care pour l’univers de la beauté. Bien qu’engagées, ces communautés ne vont certes pas générer de revenus au démarrage d’une marque, mais elles vont participer à la construction des produits et des services qui, au final, vont faire la force d’une entreprise. En ce moment, on peut citer l’exemple de Curology, une marque de beauté spécialisée dans le traitement de l’acné et qui, grâce à des docteurs disponibles online, permet aux consommateurs de bénéficier d’une prescription de produits riches en concentrés actifs, tout en dialoguant avec un conseiller qui les connaît, qui connaît leur mode de vie… Les entreprises qui fixent un problème, qui animent une communauté autour d’influenceurs capables d’afficher leur vulnérabilité, et qui créent des produits et des services qui sont différents sur le marché, sont les plus résilientes.

Je suis plus dubitative sur un certain nombre d’entreprises qui, comme dans d’autres secteurs et d’autres verticales, ont énormément levé de fonds et n’ont qu’un espoir, celui de faire un IPO. Comme on le sait, créer une unicorn en beauté c’est compliqué et l’acquisition par de grands groupes est plus difficile que certains ne le pensent !

SDL : Quels sont d’après-vous les facteurs-clés de résilience pour la Beauté aux US ?

O.R : Il faut d’abord avoir une communauté, l’animer, l’engager dans la durée, être authentique avec un ton de voix particulier et une expérience liée au produit et au service que l’on crée.

Il faut également avoir d’excellents produits. Je pense qu’on finit par l’oublier. Avoir recours à des fournisseurs extérieurs qui ne sont pas toujours transparents sur, par exemple, les ingrédients interdits en Europe, ne pas avoir de propriété intellectuelle sur les produits, ne pas faire de recherche… est un risque. Ce n’est pas parce qu’on arrive à mettre ‘vegan’ ou ‘non-toxique’ sur les réseaux sociaux qu’on délivre les vrais bons produits qui font que les clients ont envie de revenir. 

Je n’ai pas de leçon à donner aux entrepreneurs parce que j’ai une admiration sans bornes sur la capacité à créer des business modèles dans la durée. La vie d’entrepreneur est compliquée avec des hauts et des bas, en particulier en cette période. Mais en tout cas, être authentique avec un purpose, une mission sur terre et non pas créer une marque uniquement dans l’espoir d’être acquis par un grand groupe me paraît essentiel. Cet état d’esprit se ressent beaucoup dans les conversations, on voit assez vite si quelqu’un s’est vraiment levé le matin en engageant d’autres personnes dans l’aventure ou si les personnes sont plus opportunistes. Ce n’est pas parce qu’on a beaucoup de followers qu’on a forcément la capacité à mener une équipe dans la durée et à créer une marque globale.

L’authenticité mais aussi la grande vague de la true beauty, l’upcycling, l’alliance de la gestuelle et du produit… Pour découvrir les leviers d’influence et les nouveaux axes entrepreneuriaux de la Beauté, rendez-vous pour la suite de l’interview de Odile Roujol sur le site du Salon du Luxe Paris 2020.

Exclusif

Business