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« À l’heure de l’éco-responsabilité, un emballage difficile à recycler peut engendrer de la frustration » – Assia Belkhodja, DHL.
Publié le par Journal du Luxe
Jamais la question du conditionnement n’aura été aussi centrale. Au cœur de la digitalisation accrue des usages et de la montée en puissance du e-commerce, le packaging est voué à se réinventer, entre approche écologique, contraintes pratiques et vision marketing. Etat des lieux avec Assia Belkhodja, Head of eRetail and Fashion Europe chez DHL, leader mondial de la logistique.
Journal du Luxe : En quoi l’emballage constitue-t-il un sujet stratégique dans le domaine de la logistique ?
Assia Belkhodja : La question du packaging est critique dans la mesure où l’emballage est ce qui permet de garantir la bonne intégrité des produits et d’en assurer la manipulation dans les meilleures conditions, les protégeant durant le stockage, le transport et la livraison. Il aura fallu des années d’innovation et d’amélioration pour développer de nouvelles technologies/applications autour du conditionnement. Aujourd’hui, le marché du packaging pèse plus de 750 milliards d’euros et l’hyper-accélération du e-commerce accentuée par les mesures actuelles de distanciation sociale nourrit encore sa croissance… mais aussi les problématiques liées à ce secteur. Nous observons qu’il reste difficile de couvrir l’évolution des besoins des marques, des consommateurs et plus globalement du marché.
JDL : D’après vous, d’où viennent ces difficultés ?
A.B : Dans notre étude récente « Rethinking Packaging », il apparait que 9 entreprises sur 10 estiment que le sujet de l’emballage va devenir de plus en plus important dans un avenir proche. Néanmoins, bon nombre d’entre elles ont des attentes ou des objectifs différents. Résultat, certains emballages ne prennent pas nécessairement en considération l’impact sur l’écosystème supply chain. L’augmentation du rythme, de l’ampleur et de la complexité des processus modernes en matière de logistique, tout comme la croissance du e-commerce et du retail omni-channel, font grimper les coûts d’emballages et créent de l’inefficacité dans la chaine avale d’approvisionnement. Les marques tiennent à utiliser leurs propres emballages car le packaging fait partie intégrante de l’expérience client. Mais attention, à l’heure de l’éco-responsabilité, un emballage difficile à recycler ou complexe d’utilisation peut engendrer de la frustration chez le consommateur. Aujourd’hui et plus que jamais, le client porte une plus grande attention sur le conditionnement de ses achats : un emballage durable devient un critère d’achat voire même d’adhésion à la marque.
JDL : Justement, observez-vous une prise de conscience autour de l’impact environnemental lié au packaging ?
A.B : C’est un sujet d’ampleur pour lequel les chiffres parlent d’eux-mêmes. Environ 25% des 8,3 milliards de tonnes de plastiques produits entre 1950 et 2015 – soit l’équivalent du poids de 822 000 tours Eiffel ou de 80 millions de baleines – proviennent d’emballages, sachant que seulement 14% de ce volume global sera recyclé et qu’environ 24% du volume d’envois au sein de la supply chain globale contient… du vide. En ce sens, plus de 90 pays ont imposé des interdictions fermes concernant les emballages non-recyclables. En tant que transporteur, nous nous devons d’anticiper les implications liées à ces changements. Nous observons également, chez les entreprises avec lesquelles nous travaillons, une volonté plus forte d’investir dans différentes options et méthodes de fonctionnements logistiques plus écologiques. La prise de conscience est assez forte sur la question de l’emballage : même dans le contexte épidémique actuel, l’éco-responsabilité n’est plus un élément négociable.
JDL : Concrètement, comment mieux faire ?
A.B : Il est désormais indispensable de travailler sur des matériaux alternatifs, recyclables, réutilisables pour remplacer la matière plastique. L’utilisation de films recyclables à fibres renforcées permet par exemple d’assurer le même niveau de protection avec moins de matière première, réduisant à la fois les coûts et les déchets. Parmi nos champs de recherche, nous nous appliquons également à diagnostiquer les espaces perdus, ce fameux « vide » comme je l’évoquais précédemment : ajuster efficacement un emballage à son contenu permet de réduire la taille de certaines boites de 40%. L’utilisation à plus grande échelle des technologies IoT (Internet des objets) devrait permettre d’obtenir des emballages plus intelligents et plus connectés et ce, à des coûts plus abordables. En conséquence, ces nouveaux outils mèneront à des changements dans les processus logistiques : chez DHL, nous sommes convaincus que pour atteindre le prochain niveau en termes de performance d’emballage, nous avons besoin de travailler étroitement avec les experts de la supply chain, les spécialistes de l’emballage et, bien évidemment, les marques.
Pour en savoir plus sur l’étude DHL Trend Report « Rethinking Packaging », rendez-vous ici. Vous pouvez également retrouver l’étude via ce lien.
Pour en savoir plus sur les évènements et partenariats « DHL Fashion » : https://inmotion.dhl/en/fashion/
Pour plus d’informations : Assia.Belkhodja@dhl.com
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