[Dossier] Comment le luxe lutte-t-il face à la contrefaçon ?
Publié le par Journal du Luxe
C’est un fait, le marché du luxe est la cible prioritaire des contrefacteurs. Guess, Armani ou encore Chanel font partie du top 10 des marques les plus contrefaites en 2015.
Mais d’où viennent ces produits contrefaits ? Qui les produits ? Comment les marques de luxe se comportent-elles aujourd’hui face à ce fléau ?
Le Journal du luxe vous livre toutes les informations sur le sujet. Des informations qui pourraient vous être utiles dans votre propre lutte face à la contrefaçon.
La Chine : temple mondial de la contrefaçon
Selon les estimations d’experts, 80 à 90% de la contrefaçon mondiale proviendrait directement de la Chine. Un constat face auquel les autorités chinoises ne semblent pas vouloir s’opposer.
Il paraît donc difficile pour les marques de luxe et de mode, de collaborer avec le gouvernement chinois. Toute demande de clôture des usines et ateliers contrefaisants semble compromise dans l’Empire du Milieu.
Les acteurs du marché du luxe doivent donc développer une certaine autonomie afin d’empêcher la vente de leurs produits contrefaits. En 2015, Salvatore Ferragamo a mis un point d’honneur à chasser les contrefacteurs de son marché, et il est loin d’être rentré bredouille.
Salvatore Ferragamo : l’exemple à suivre ?
Depuis quelques années maintenant, la maison Ferragamo se spécialise dans l’art de la chasse aux faux. Un investissement qui a porté ses fruits en 2015.
Une aide progressive des autorités chinoises
Comme abordé précédemment, c’est en Chine que réside le berceau de la contrefaçon. Salvatore Ferragamo a donc décidé de mettre le pied dans la fourmilière. En 2015, la maison de luxe est parvenue à obtenir de l’aide de la part des autorités chinoises.
Ainsi l’an dernier, 12 500 faux articles Ferragamo ont été détruits par les autorités. Les douanes chinoises ont également saisi de leur côté, 34 000 contrefaçons de produits Salvatore Ferragamo. Le tout pour une valeur de 17 millions de dollars.
Ferragamo investit dans des dispositifs techniques de sécurité
Face à la contrefaçon, la griffe spécialisée dans les chaussures de luxe met aussi l’accent sur les innovations techniques de sécurité.
Depuis 2014, la marque équipe tous ses modèles de chaussures pour femme, d’une puce permettant la traçabilité de ses produits.
Christian Louboutin avait été précurseur de cette pratique. La marque se voyait stupéfaite de constater qu’un grand nombre de ses clients demandaient à faire changer leurs semelles. Louboutin avait alors décidé d’intégrer une puce à l’intérieur de chacune des ses chaussures, afin de pouvoir les distinguer rapidement des faussaires.
La contrefaçon sur le web se développe aussi vite qu’Internet évolue. Savaltore Ferragamo est aussi partie à la chasse à la contrefaçon sur la toile. La marque est ainsi parvenue à faire bloquer 91 000 annonces en lignes de produits contrefaits en 2015. C’est 1 000 de plus que l’année précédente.
Si la marque italienne de chaussures de luxe est parvenue à contrer la mise en vente de produits contrefaits, la meilleure solution de lutte contre la contrefaçon reste d’adopter des mesures préventives.
Les mesures préventives face aux importations parallèles
Le problème le plus virulent face auquel sont confrontées les marques de luxe est celui du « marché gris« . Celui-ci est alimenté par des importations parallèles, relatives aux biens qui n’ont pas subi de contrefaçon.
Ces produits sont donc authentiques, importés d’un autre pays et distribués sans l’autorisation du détenteur de la propriété intellectuelle.
Face à ce fléau, il est primordial de connaitre quelques mesures préventives à appliquer lors de la mise en vente d’un produit de luxe.
S’enregistrer auprès de l’Observatoire européen
Pour lutter contre les importations parallèles, il est nécessaire qu’une marque de luxe s’enregistre auprès de l’Observatoire européen (European Observatory Enforcement Database).
Les marques doivent également communiquer à l’entité toutes les informations relatives à un nouveau produit mis en vente.
Solliciter les douanes françaises
Afin d’améliorer l’efficacité de l’interception de produits contrefaits, il est possible de demander une requête auprès des douanes françaises.
Ce procédé, aisé à mettre en place et entièrement gratuit, est valide sur une durée d’un an et renouvelable sur demande.
Si un produit suspecté d’être contrefaisant est saisi par les douanes, il sera retenu pendant 10 jours. Durant ce délai, les sociétés enregistrées ont la possibilité de confirmer aux douanes si les produits détenus sont en effet contrefaisants ou non.
Les solutions techniques face à la contrefaçon
Comme l’a mis en place la maison Salvatore Ferragamo, de nombreuses solutions techniques existent pour se protéger de la contrefaçon.
Parmi elles, on peut citer la spectroscopie terahertz développée par le Laboratoire Physique National du Royaume-Uni, ou encore le fingerprinting taggant (matériaux microscopiques codés de manière unique, reliés à une base de données).
Les micro-particules encryptées, les codes barres en série, les systèmes de trackage et de pistage sont aussi des outils à développer afin de pister les produits contrefaits.
La contrefaçon, moteur d’innovation ?
Et si la contrefaçon ne nuisait pas autant aux marques de luxe ? C’est en tout cas ce que laisse penser une étude commune, réalisée par une équipe de chercheurs des universités de Colombie à Vancouver, de Chengdu et de l’antenne de NYU à Shangaï.
Les résultats obtenus révèlent que les marques seraient poussées à améliorer sans cesse la qualité intrinsèque de leurs produits et ce, afin de préserver leur avantage compétitif.
Pour les fins connaisseurs, il est aisé de distinguer le vrai du faux produit de luxe. En revanche, un consommateur novice aura tendance à tomber dans le piège de la contrefaçon. Finalement, s’il y a bien un critère qui lui, ne trompe pas, c’est le prix.