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L’intelligence collective, la formule gagnante selon centdegrés
Publié le par Journal du Luxe
L’intelligence collective, on en parle ? Si certaines entreprises en sont encore aux balbutiements en la matière, centdegrés, agence internationale d’intelligence de marque, de création et d’architecture, en a fait sa marque de fabrique. Explications avec Elie Papiernik, co-fondateur.
Journal du Luxe (JDL) : Elie, lorsque l’on évoque l’intelligence collective, de quoi parle t-on réellement ?
Elie Papiernik (E.P) : L’idée est de mener de belles opérations, des partenariats gagnant-gagnant, des barters intelligents basés sur l’échange de prestations intellectuelles et/ou matérielles. Il s’agit d’un retour à un mode de coopération malin permettant de créer de belles synergies. C’est en quelque sorte l’héritage du troc.
JDL : Comment avez-vous intégré ce mode de travail à vos process ?
E.P : L’intelligence collective est une réalité du quotidien chez centdegrés. L’agence compte plus d’une centaine de collaborateurs répartis entre la France et l’international : l’agilité fait partie de notre ADN ! Qui plus est, cette approche est devenue essentielle pour créer de la valeur ajoutée dans un univers de plus en plus mouvant et concurrentiel.
JDL : Quel a été le déclic ?
E.P : Nous avons toujours fonctionné de la sorte mais je me souviens qu’il y a quelques années, lorsque nous travaillions sur des projets de parfumerie, nous ne rencontrions jamais les nez à l’origine des jus. Lors d’un dîner, ma voisine – une célèbre parfumeuse – et moi-même, nous sommes rendus compte que nous collaborions sans le savoir sur des projets communs. L’intelligence collective, c’est aussi – et surtout – croiser les compétences, multiplier les profils et les têtes chercheuses pour s’inspirer les uns des autres et, in fine, nourrir un projet. Chez centdegrés, nous sommes souvent sollicités pour participer à des jurys, des comités d’innovation… Autant d’opportunités formidables pour alimenter notre réseau et nos partenaires !
JDL : Un exemple concret ?
E.P : Nous travaillons très régulièrement avec de grands salons internationaux. Ces derniers nous demandent de créer de nouveaux concepts, des produits et des expériences inédites. Une initiative particulièrement marquante a été Fragrance Performance présentée au Cosmoprof Asia en 2015 à Hong Kong. Sur le salon, nous avons offert 2000 parfums créés pour l’occasion avec Firmenich. Résultat : 20 minutes de queue tout au long des trois jours ! Sur place, nous avons également travaillé autour de la récupération de données pour mieux comprendre les comportements des consommateurs chinois en matière de parfum, un segment de marché encore frais sur ce pays. En associant nos compétences en conception de projet à des acteurs de la data autour de méthodologies communes, nous avons pu garantir la qualité de notre réponse créative tout en la solidifiant avec des données terrain.
Autre territoire, autre exemple : cette année, nous avons œuvré avec Firmenich et Albea sur un programme d’innovation autour de la facilitation du mélange de parfums, le blending. Or, il se trouve que le Beauty World de Dubaï s’intéressait également au sujet, étroitement lié à la tendance de la personnalisation. Nous avons donc travaillé avec les organisateurs pour confronter notre concept Blend’It aux visiteurs du salon, à savoir un public disposant d’une certaine maturité sur le sujet. Nous avons produit 500 flacons avec un autre partenaire, MMB. Ce triptyque, un jus principal additionné de deux boosters, a été offert sur place, agrémenté d’un questionnaire. Ce qui n’était alors qu’un projet a suscité une réelle adhésion, à tel point que les insights ont justifié la maturité du produit pour un lancement marché alors que nous pensions encore devoir le développer…
JDL : Quelle est votre dernière innovation née de l’intelligence collective ?
E.P : Skintonic, un soin tonifiant où l’aspect visuel joue un rôle essentiel. Il s’agit d’un gel transparent où lévitent de délicates pétales colorées, le tout présenté dans un packaging en forme d’haltère pour illustrer le côté revigorant du soin. Nous avons imaginé et orchestré le projet, la société Pinkfrogs a composé ce produit, Quadpack a travaillé sur le contenant, Cituskalix a assuré l’assemblage, Homer-Print a géré le packaging extérieur… Au dernier Cosmopack, il a été introduit sous forme de factory où les visiteurs ont pu visualiser et comprendre toutes les étapes de production du produit. La découverte, l’apprentissage et le plaisir occupent une place capitale sur un stand.
JDL : Quels conseils donneriez-vous à une société prête à se lancer dans l’intelligence collective ?
E.P : C’est dans l’action que l’on apprend le plus. Mais il reste nécessaire de bien fixer les règles de base et de formaliser les objectifs globaux et individuels en amont. L’horizontalité est de mise, il faut savoir laisser les égos de côté et donner sa place à chacun. Cela peut paraître évident mais croyez-moi, toutes les entreprises n’ont pas cette agilité d’esprit ! L’intelligence collective bouleverse les business modèles mais permet d’aborder les sujets en privilégiant leur raison d’être, leur sens. Chez centdegrés, c’est notre façon de faire notre métier.