[ RENCONTRE ] Kering, le Luxe et la Durabilité

Publié le par Journal du Luxe

Les ressources environnementales et sociales font partie de l’ADN du Luxe.
À l’heure de leur fragilisation et de leur raréfaction, Marie-Claire Daveu, Directrice du Développement durable et des affaires institutionnelles internationales de Kering et speaker du Salon du Luxe Paris 2017, revient sur les initiatives déployées par le groupe et les enjeux associés.

Le Développement Durable selon Kering

« Kering a mis en place une stratégie pour 2025, explique Marie-Claire Daveu. Elle se structure autour de trois piliers, à savoir Care, Collaborate et Create. »

Tous ces axes ont des objectifs précis. Care vise par exemple à réduire de 40% l’empreinte carbone et de 50% les émissions de gaz à effet de serre du groupe. La traçabilité des matières premières fait également partie des priorités. Collaborate s’engage sur la préservation des savoir-faire, la parité ou encore la diversité. Et enfin, Create s’applique à soutenir les générations futures en les sensibilisant à ces problématiques et en favorisant les innovations durables en matière de technologie, de sourcing ou encore de design.

Mais une stratégie ne saurait être efficace sans des outils de mesure adaptés. Pour ce faire, le groupe s’appuie sur l’EP&L, un compte de résultat environnemental : des KPIs sont fixés – au même titre que pour des résultats financiers – et sont convertis en euros. Afin d’encourager les bonnes pratiques, l’outil est mis à disposition en open source et a même donné lieu à une application My EP&L, destinée à tester sa responsabilité environnementale individuelle au travers de différentes variables.

Le groupe s’est du reste engagé à communiquer tous les trois ans sur ses résultats et à faire preuve de transparence dans ses succès… mais aussi dans les difficultés rencontrées.

L’échange, au coeur de la supply chain du Luxe

« La chose la plus difficile en matière de développement durable ce n’est pas la technique. C’est le fait de faire changer les mentalités » –  Marie-Claire Daveu, groupe Kering

La direction de Kering

« Ce n’est pas toujours évident de parler de projets de développement durable à 5 ou 10 ans dans une industrie relativement court-termiste où les collections changent toutes les saisons, explique Marie-Claire Daveu. Pour disposer d’une vraie assise, il faut impérativement avoir le soutien pleinier de la direction, comme c’est le cas pour Kering avec François-Henri Pinault. Les comités exécutifs ont bien compris, d’une part, les obligations éthiques qui sont les leurs et, d’autre part, la valeur ajoutée propre au développement durable en matière de business, d’innovation, de stimulation…  »

Les fournisseurs

« Nous n’aimons pas vraiment ce mot dans le Luxe mais il faut industrialiser les process, admet Marie-Claire Daveu. Nous sommes partis d’un code éthique auquel nous ajoutons des clauses spécifiques qui s’appliquent selon le type de fournisseur. En bout de chaîne, nous réalisons bien entendu des audits. Mais en parallèle, il est extrêmement important de parler avec les fournisseurs, de leur expliquer pourquoi nous leur demandons de changer leurs habitudes. Si l’on passe uniquement en force, on ne changera pas le modèle en profondeur. Il faut discuter, expliquer pourquoi certaines méthodes, certains produits, sont nocifs pour l’environnement mais aussi pour les personnes qui les manipulent, à tous les niveaux. Il faut apprendre et avancer ensemble. Nous disposons par exemple plus de 3000 échantillons de matériaux qui répondent à des critères de développement durable : nous les étudions avec les fournisseurs, les proposons aux designers… Nous sommes également conscients qu’il est difficile d’obtenir certaines propriétés avec des matériaux alternatifs, c’est pour cela qu’il est indispensable de nouer des partenariats avec des universités et d’investir sur la recherche et le développement. ».  Un exemple ? Dans le cadre de sa stratégie d’économie circulaire, sujet de la prochaine Rencontre du Journal du Luxe, Kering travaille notamment avec la société Worn Again sur la séparation des fibres de cellulose et de polyester des tissus existants pour in fine créer de nouvelles fibres réutilisables…

Les marques du groupe Kering

« Chacune des marques du groupe décide si elle souhaite ou non communiquer sur son engagement, indique Marie-Claire Daveu. Chacune dispose de sa propre cellule marketing. Gucci, qui travaille depuis des années avec les mêmes artisans et les mêmes fournisseurs, a par exemple décidé de mettre en avant son engagement durable sous l’impulsion de son CEO et de son Directeur Artistique ».

Les consommateurs du Luxe

« Lorsqu’un client achète un produit de Luxe, il achète un produit parfait. La nature durable et éthique de ce produit doit faire partie de cette notion de perfection » – Marie-Claire Daveu, groupe Kering

« Les études démontrent que 70% des consommateurs Millennials sont prêts à payer davantage pour obtenir un produit répondant aux critères de développement durable, précise Marie-Claire Daveu. Ces valeurs font désormais partie de leur mode de consommation. Personnellement, je suis convaincue que cette implication a un lien direct avec le bien-être, et notamment la santé. La prise de conscience a débuté avec la nourriture, elle s’étend à la mode, aux cosmétiques… En matière de recrutement, j’ajouterai également que travailler dans un groupe portant ces valeurs constitue un véritable levier d’attraction et de rétention des employés et ce, partout dans le monde ».

Notes extraites de la conférence Luxe et Développement Durable : panorama et enjeux, organisée par HEC Alumni Paris Club Luxe et Création le 03 octobre 2018 à l’Institut Français de la Mode.

par Journal du Luxe