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Yumé Péma manie le laser comme personne
Publié le par Journal du Luxe
Yumé Péma, un nom qui peut intriguer à première vue. Quand on sait que « Yumé » veut dire « rêve » en japonais et « Péma » signifie « fleur de lotus » en tibétain, on comprend mieux le rapport avec l’activité et l’histoire de Mariane Léger.
Par le biais de la gravure et de la découpe laser, l’artisane travaille le cuir, la soie sous toutes ses formes, la plume ou encore le bois pour concevoir des créations uniques. Le Journal du luxe s’est intéressé à ce savoir-faire innovant qui sera mis à l’honneur sur le Salon du luxe Paris 2016 les 6 et 7 juillet.
Journal du luxe : Un projet de création est souvent lié à l’histoire de son fondateur, quelle est la vôtre ?
Mariane Léger : Mon histoire est celle d’une femme « multipotentielle » dirait-on aujourd’hui, au parcours complètement atypique ! Mes études me prédestinaient plus au commerce international qu’au métier d’art, mais dans la vie le hasard fait souvent bien les choses et nous montre un chemin.
« Tout ce que ma grand-mère m’avait appris a pris forme »
C’est en devenant première vendeuse chez Sonia Rykiel que tout ce que ma grand-mère m’avait appris enfant a pris forme et que mes aspirations profondes se sont manifestées.
Modeste émigrée italienne ayant fui la guerre, elle était mariée à un mineur stéphanois. Ils avaient des revenus très modestes mais la fierté et l’amour des belles choses l’ont guidé pour habiller ses 6 enfants avec des tissus précieusement récupérés et sauvegardés.
Tout avait une deuxième vie : les boutons, les chutes de tissus, même les restes dans le frigo ! Les habits du dimanche étaient de rigueur.
Ma carrière professionnelle a donc démarré au cœur des belles matières, de la rigueur, de l’excellence du geste et des émotions que procurent les métiers de la Couture.
C’est par la suite chez Monsieur Max Chaoul, que j’ai parfait mes connaissances des textiles et que j’ai appris le moulage de la corseterie.
Forte de ma sensibilité artistique, j’ai parfait mon parcours lors de ma formation de modiste haute couture.
Le monde de la chapellerie de Luxe m’a permis d’acquérir la rigueur, la précision d’un métier d’art manuel, les notions de volume, la volupté émotionnelle que peuvent faire ressentir la mise en scène de plumes, voilettes, feutre de lapin, velours, soie et autres fourrures.
Journal du luxe : Quand avez-vous décidé de vous lancer dans la gravure et la découpe laser ?
Mariane Léger : Passionnée de technologie, sens de l’innovation chevillé au corps, j’ai croisé le laser en 2012.
« J’ai joué à l’apprenti sorcière pendant plusieurs mois »
Fascinée par son potentiel de transformation de la matière, j’ai joué à l’apprenti sorcière durant de nombreux mois afin de mettre au point un savoir-faire mêlant intelligence de la main et processus de fabrication numérique pour offrir à des clients exigeants, un savoir-faire unique sur des matières nobles à forte valeur émotionnelle ajoutée.
J’ai été portée par le désir de repousser les limites de la matière, des matériaux souples en particulier, croisés lors de mes expériences professionnelles.
Journal du luxe : Quelle est la particularité de vos créations ?
Mariane Léger : C’est grâce à ma rencontre avec le milieu de l’ébénisterie que je décide de dépoussiérer l’image de la marqueterie.
Instinctivement, j’ai eu l’idée d’allier mon expertise de la gravure et du découpage laser sur matériaux souples à ce métier d’art traditionnel mais perçu comme désuet.
J’obtiens le prix ARTINOV en novembre 2015 dans la catégorie « procédé de production » pour avoir mis au point une technique unique d’incrustation textile dans des pièces d’ébénisterie. Je deviens par la suite lauréate de la Fondation EY pour les métiers manuels.
J’interviens sur différents supports comme les écrins, les caves à cigares, des parties de mobilier, de la décoration murale et autres éléments de l’Art de Vivre à la Française.
Journal du luxe : Qui sont vos principaux clients ?
Mariane Léger : Mes principaux clients œuvrent dans les secteurs du Luxe comme la haute joaillerie, la haute-couture, la décoration d’intérieur, le packaging ou encore le visual merchandising.
Journal du luxe : Comment imaginez-vous Yumé Péma dans 10 ans ?
Mariane Léger : J’imagine Yumé Péma présente à l’export en grande partie, avec un atelier animé par quelques collaborateurs au savoir-être et savoir-faire axé sur l’écoute et la concrétisation des rêves de nos clients à travers le monde.
Journal du luxe : Vous participerez au Salon du luxe Paris 2016, que pourrons-nous découvrir sur votre espace d’exposition ?
Mariane Sornin : Vous pourrez découvrir mon savoir-faire à travers la présentation
* d’écrins de prestige destinés à la haute-horlogerie ou la haute joaillerie;
* d’une cave à cigare ornée d’un décor d’exception;
* d’une collection de dalles décoratives murales;
* d’un coffret de jeu;
* d’un manteau en velours rebrodé de 527 pampilles de bois sculptées.
Journal du luxe : Pour finir, quel est votre « luxe » à vous ?
Mariane Léger : Un peu avant 40 ans, j’ai été en quête de sens. Je cherchais à savoir pourquoi j’étais vraiment faite, qu’est-ce que j’avais de mieux à offrir.
« Un Luxe intérieur »
Mon « luxe » à moi est d’avoir concrétisé un rêve, créé une activité de toute pièce contenant ce qu’il y a de plus juste et de plus authentique en moi.
Je me sens à ma place lorsque je parviens à susciter l’émotion par le bais de mon travail. C’est un Luxe intérieur.