Forum de la Mode 2018 : ce qu’il faut retenir

Publié le par Journal du Luxe

Ce 7 novembre, le Forum de la Mode organisait sa troisième édition au Ministère de l’Economie et des Finances. Au cœur des débats, les territoires de la mode, qu’il s’agisse de la France comme terre de création ou de ses terrains intrinsèques d’innovation tels que la transmission des savoir-faire, l’écologie ou encore les nouvelles technologies.
Focus sur une matinée riche en échanges.

Les défis de la mode

« Les grandes messes c’est bien, mais il faut aussi savoir être pragmatique » – Guillaume de Seynes, DG Hermès

Le ton de ce Forum 2018 est donné ! Directeur Général du Pôle Amont et Acquisitions de la Maison Hermès mais aussi Président du Comité Stratégique de Filière des Industries de la Mode et du Luxe, Guillaume de Seynes insiste sur la nécessité de se mobiliser pour conserver le leadership territorial en matière d’excellence. Il revient ainsi sur quatre défis majeurs à relever… et autant de chantiers pour le comité sus-cité : la formation – Hermès forme plus d’une centaine de maroquiniers chaque année faute de recrues dans les filières en place -, la compétitivité – à savoir le renforcement des relations avec la sous-traitance -, l’accompagnement des marques émergentes, et le développement durable notamment par le biais de la traçabilité.

Les chiffres de la mode en France

Selon une étude menée par l’Institut Français de la Mode et Quadrat Etudes, la mode en France représenterait 3,1% du PIB et pèserait 154 milliards de chiffre d’affaires. Ce résultat serait porté à 44% par la vente au détail, à 26% par la fabrication, à 22% par la vente en gros et à 3% par les services connexes. Au détail, ce sont les segments du textile, du parfum et du cuir qui se détachent sur le secteur.

Par ailleurs, la Mode totalise 616 552 emplois directs et 1 million d’emplois indirects, s’affirmant comme un secteur particulièrement dynamique en matière de recrutement.Retrouvez nos conseils pour réussir dans le Luxe via notre E-Book à télécharger ici !

L’Humain au coeur de la mode responsable

C’est Clarisse Reille, Directrice Générale du DEFI, qui introduit ensuite une table-ronde dédiée à l’engagement. Elle insiste notamment sur le fait que « la technologie ne peut pas tout résoudre ». Autour d’elle, les avis convergent : la mode éthique ne signifie pas habiller tout le monde de la même façon. Non à la standardisation ! Car si le marché de la seconde main s’inscrit comme une démarche durable en soi, l’éco-conception et l’upcycling figurent également au coeur des débats. Avec un pré-requis : « l’engagement doit rester créatif » souligne Barbara Coignet, Fondatrice de la boutique de « Sustainable Luxury » 1.618 et persuadée que « le Beau peut être une porte d’entrée vers des valeurs durables ». Un avis partagé par Eva Kruse, CEO de EGlobal Fashion Agenda, qui estime que « tout aussi éthique soit elle, personne n’achètera une robe qu’il juge laide ».

Qui impliquer, alors, dans ces nouvelles réflexions ? Pour Barbara Coignet, il faut engager la responsabilité des marques et des médias sur les normes sociales qu’ils contribuent à alimenter. De son côté, Déborah Sitbon Neuberg – Fondatrice de Bonne Facture et très applaudie sur la conférence -, insiste sur l’implication des filières, la capacité à dire non à certaines pratiques et la revalorisation de l’humain là où le naming de marque prend le dessus sur tout le reste.  Du reste, « la transparence ne suppose pas le prix le plus bas possible pour le consommateur mais le prix le plus juste !  » précise Clarisse Reille.

La transformation numérique du retail

Deuxième volet de cette matinée : la distribution. En introduction de la table-ronde, Pierre François Le Louët, Président de la Fédération Française du Prêt à Porter Féminin, revient sur « les nouvelles conversations entre le magasin physique et le digital », tout comme « les nouvelles conversations entre les générations dans leur façon de consommer mais aussi de concevoir et de diffuser leurs créations ».

Ainsi, Ulric Jérome, CEO de MatchesFashion.com, dévoile les raisons qui l’ont poussé à rajouter l’extension « .com » à sa dénomination de marque : l’ambition internationale et la propension à s’inscrire sur un modèle à 360°. C’est d’ailleurs dans cette même optique de réduction des frontières entre le off et le online que la plateforme s’engage à raccourcir les délais de livraison : à Londres, ces derniers peuvent atteindre 90 minutes et ce, jusqu’à 22h.

De son côté, Emma François, Fondatrice de la marque Sessùn, avoue qu’à ses début « elle trouvait vulgaire, en tant que créatrice, de mélanger l’image et la vente sur un seul et même site ». Autre époque, autres problématiques : la marque marseillaise travaille aujourd’hui sur le mode de retail de sa ligne « Oui » dédiée aux robes de mariées. Trop de files d’attente en boutique et trop d’incertitudes sur la e-boutique où les clientes ont tendance à reproduire le parcours d’achat du point de vente physique, à savoir commander plusieurs robes pour essayer devant leurs proches avant de renvoyer les pièces non retenues…

Une problématique de la frustration dont s’est emparée la société Stockly : son CEO, Eliott Jabès explique ainsi mettre en relation des fournisseurs entre eux pour éviter l’insupportable Out of stock. Ainsi, un retailer à court de stock peut malgré tout réaliser une vente – en conservant une commission – en s’appuyant sur un autre retailer, ce dernier effectuant alors une vente à l’aveugle, ne disposant pas des informations du client.

Car s’il est une donnée centrale à ce sujet, c’est bien la Data. MatchesFashion.com explique ainsi travailler chaque saison sur six profils consommateurs en faisant notamment appel à l’intelligence artificielle pour constituer des moodboards qui driveront les achats de leurs équipes.

De subtiles alliances de stratégies humaines et de technologies de pointe qui nécessitent parfois un vrai travail de formation des équipes en interne. « Le web n’est pas une agression mais un outil collaboratif ! » rappelle Emma François…

Pour en savoir plus sur les autres speakers et sujets relatifs au Forum de la Mode 2018:www.fhcm.paris et www.pretaporter.com.

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