« Foundry » désacralise la Fashion Tech.
Publié le par Journal du Luxe
Né d’une collaboration entre IBM et l’IFA Paris (International Fashion Academy), Foundry est un laboratoire d’innovation technologique qui devrait permettre de véritables avancées dans le secteur de la mode.
Foundry, une ambition futuriste.
Jean-Baptiste Andreani, directeur de l’IFA Paris, a développé ce projet en partant d’une donnée statistique : 65 % des futurs diplômés devraient exercer un métier qui n’existe pas encore. À partir de ce constat, l’IFA Paris a élaboré pour ses étudiants un programme de deuxième cycle « Fashion Tech Innovation » qui intègre la théorie et la pratique dans les domaines de la mode et de la technologie et dont le lancement est prévu pour septembre 2020.
L’IFA Paris enrichit ce programme de Fashion Tech ainsi que de stylisme par de nouvelles initiatives telles que le laboratoire d’innovation baptisé Foundry, dont l’inauguration a eu lieu le 14 novembre dernier. Hébergé au sein de l’IFA Paris, cet espace dédié à l’innovation et à la créativité sera composé d’un Start-Up studio, attendu au deuxième trimestre 2020, ainsi que d’espaces de fabrication expérimentale et de co-working sur abonnement, ouvert à tous. « Dans notre stratégie de recrutement des start-up qui participeront à nos initiatives autour de la Fashion Tech, nous mettrons l’accent sur quatre thématiques : création, production, green tech, et expérience retail», explique Jean-Baptiste Andreani.
Dédiaboliser l’intégration des nouvelles technologies dans la mode est l’un des objectifs principaux de Foundry. « Aujourd’hui, les questionnements sont nombreux. On se dit que ces intelligences artificielles sont très efficaces mais qu’elles vont complètement transformer l’univers du travail et que, potentiellement, de nombreuses personnes pourraient se retrouver sans emploi du fait de cette quatrième révolution industrielle. Mais en réalité ce n’est pas le cas. De notre point de vue, ces technologies interviennent en soutien de notre efficacité et permettent d’augmenter notre productivité et notre créativité. Il est indispensable d’accompagner les individus, de les éduquer aux nouvelles technologies afin qu’ils puissent constater que celles-ci se positionnent en assistance aux individus et non en remplacement», précise t-il.
Des collaborations à la pointe de la technologie.
La création de Foundry résulte d’un « véritable travail d’équipe » mené en interne au sein de l’IFA Paris, mais aussi avec un ensemble de partenaires. « Une dizaine d’acteurs technologiques nous ont suivi dans cette démarche dont TG3D qui nous ont fourni le deuxième body scanner d’Europe, Lectra pour le patronage digital, Bodi.Me, une plateforme de mensuration virtuelle, IBM avec ses solutions d’Intelligence Artificielle, de Blockchain, et de Data Analytics appliquées au secteur de la mode. L’ensemble de ces solutions sont mises à la disposition des étudiants, qui peuvent ainsi s’y former et les déployer pour des projets innovants » déclare Jean-Baptiste Andreani, avant de poursuivre « Nous avons également des partenaires de longue date à savoir des Maisons de mode et des sociétés qui nous suivent dans ce développement en nous confiant des projets clients qui sont menés par nos étudiants dans le cadre de leur cursus ».
Cette sélection de partenaires est fondée sur un critère d’excellence, l’IFA Paris souhaitant collaborer avec des entreprises à la pointe dans leur domaine d’activité. Il en va ainsi pour IBM qui est, pour Jean-Baptiste Andreani, un « partenaire de choix en terme de développement tech, plus particulièrement sur la thématique de l’intelligence artificielle » qui permet par exemple d’identifier des tendances grâce à Watson.
En complément de la Fashion Tech, l’IFA Paris souhaite prendre une orientation basée sur le développement durable. « L’intelligence artificielle et la Blockchain développées par IBM permettent également de travailler sur la traçabilité des produits aussi bien au niveau de leur provenance que de l’identification des fournisseurs et des différents matériaux utilisés dans leur développement. Ces technologies nous permettent également de déterminer l’authenticité des produits, c’est très intéressant parce que cela permet aux marques de lutter contre la contrefaçon ».
Une mode gadget ?
La Fashion Tech véhicule de nombreux stéréotypes : les vestes avec chargeur solaire intégré en sont un exemple tant elles sont associées à des « gadgets ». A travers Foundry, Jean-Baptiste Andreani souhaite mettre un terme à ces idées reçues.
« Nous souhaitons vraiment effacer cette image stéréotypée de la Fashion Tech en communiquant au public sur le fait que ces technologies vont transformer notre industrie et la rendre plus efficace. »
Jean-Baptiste Andreani, Directeur de l’IFA Paris
Jean-Baptiste Andreani estime ainsi qu’apprendre « l’utilisation d’une machine à coudre seule s’inscrit dans une vision très court termiste; maintenant et de plus en plus, l’utilisation d’une imprimante 3D va se substituer à son utilisation ». Il rappelle par ailleurs que « l’accès aux nouvelles technologies n’est pas forcément beaucoup plus onéreux. L’achat d’une machine à coudre professionnelle se situe aux alentours de 2.500€ et celui d’une imprimante 3D de 3.000€, voire 5.000€ pour les plus sophistiquées ».
La Fashion Tech, une industrie en plein essor.
Le directeur de l’IFA Paris prend ainsi l’exemple de la créatrice néerlandaise Iris Van Herpen qui utilise les nouvelles technologies dans ses collections. « La Fashion Tech intervient dans le design, dans l’expérience client et le retail avec les technologies de réalité augmentée mais aussi dans l’analyse de données pour les merchandiser », analyse t-il.
Aux États-Unis ou encore au Royaume-Uni, ce marché est déjà très émergent. « J’ai rencontré le fondateur de Perch Interactive, une société qui crée notamment des armoires de display ; lorsque les clients se dirigent vers celles-ci et prennent une paire de chaussures, ils la visualisent en différentes couleurs, aidés par un assistant styliste qui leur permet de les accessoiriser avec d’autres produits…, explique Jean-Baptiste Andreani. Ce qui est fantastique c’est que ces display envoient constamment des données au merchandiser. Si le client repose le produit au bout de quatre secondes, cela envoie des données qui peuvent être traitées. On pourra alors se demander qu’est-ce qui est bloquant pour le consommateur ». La Fashion Tech devrait pouvoir ainsi améliorer considérablement l’efficacité des aspects business et merchandising des marques.
Article réalisé dans le cadre du Salon du Luxe Paris.