La maison Poiret va « renaître » plus de 80 ans après sa fermeture
Publié le par Journal du Luxe
La griffe de Paul Poiret, couturier avant-gardiste qui libéra la femme du corset, va « renaître » plus de 80 ans après la fermeture de cette maison historique, et présentera sa première collection en mars lors de la Fashion week parisienne, a annoncé mardi la marque.
« Récemment acquise par le groupe coréen Shinsegae, la maison Poiret présentera sa première collection de prêt-à-porter à Paris pour la saison automne-hiver 2018-2019, dessinée par sa directrice artistique Yiqing Yin », a indiqué la griffe dans un communiqué.
La maison est dirigée par la Belge Anne Chapelle, PDG et propriétaire des marques Ann Demeulemeester et Haider Ackermann.
Yiqing Yin, créatrice française d’origine chinoise, a lancé sa maison en 2011, date à laquelle elle a commencé à présenter des défilés dans le calendrier de la haute couture. La trentenaire, qui a étudié à l’École nationale supérieure des Arts décoratifs (Ensad), a aussi été brièvement directrice artistique de la maison Léonard.
Sa marque, qui a obtenu le prestigieux label haute couture, avait connu un gros coup de projecteur en 2013 à Cannes, quand Audrey Tautou, maîtresse de cérémonie du festival, avait porté une de ses créations, une robe en organza et mousseline de soie aux innombrables plissés, caractéristiques de son style.
La créatrice a exprimé son intention de prolonger « le geste de Paul Poiret qui au début du XXe siècle, libérait le corps et l’esprit des femmes ».
Figure majeure de la mode, Paul Poiret (1879-1944) avait fondé sa maison en 1903. Le couturier, marqué par les influences orientales (sarouels, tuniques, kimonos japonais), a inventé la robe-chemise, imposé les lignes droites et popularisé les couleurs vives.
Ce collectionneur d’art, qui comptait parmi ses amis André Derain, Kees van Dongen, Henri Matisse, Pablo Picasso et Raoul Dufy, fut aussi le premier couturier à créer sa propre maison de parfums en 1911.
Il avait perdu de son influence dans les années 20, refusant de céder à la mode unique d’alors, le look « garçonne », résistant au style fonctionnel et chic qui faisait alors le succès de Chanel et qu’il avait lui-même contribué à lancer.
Après les années fastes, ses maisons de couture, de parfumerie et d’art décoratif ont sombré avec la crise de 1929. Paul Poiret s’est éteint à Cannes à 65 ans, seul et ruiné.
En 2007, il avait fait l’objet d’une exposition au Metropolitan Museum of Art de New York (Met).