L’industrie du parfum de luxe menacée par le réchauffement climatique ?

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À Grasse, le réchauffement climatique inquiète les producteurs. Entre sécheresse extrême et gelées tardives, les conditions climatiques compromettent les futures récoltes de fleurs.

Les sécheresses ont causé la perte de la moitié des récoltes.

Capitale mondiale du parfum, c’est à Grasse qu'ont été créées les plus mythiques fragrances des grandes maisons. Mais le berceau des plantes du parfum connaît aujourd’hui quelques turbulences. En cause, le réchauffement climatique.

Selon un article de The Guardian, les sécheresses extrêmes qui ont touché le sud de la France en 2022 ont causé la perte de près de la moitié des récoltes. Et pour la moitié restante, la qualité a été affectée.

Interrogée par le journal anglais, Armelle Janody, présidente de l’association Fleurs d’exception du Pays de Grasse, est revenue sur ces conditions météorologiques difficiles : “Cela a un impact sur nos cultures mais on ne peut pas parler de changement climatique en tant que tel car il n’y pas d’études qui a quantifié les conséquences et on ignore combien de temps cela va durer”. Les répercussions sont tout de même concrètes : "Concernant l’eau et les prochaines restrictions, on va être obligé d’arroser les roseraies beaucoup plus tôt qu’on ne le fait d’habitude. Cela n’est jamais arrivé, en général, on commence plutôt en mai !"

Et d’après Benoît Verdier, co-fondateur de la maison de parfumerie Ex Nihilo, l’impact pour le consommateur se fera sur les prix : “Le changement climatique n'a peut-être pas d'impact sur l'odeur du parfum, mais cela affectera le prix". Dans Luxury Tribune, il prévient : “les grandes maisons sont en train de stocker des matières premières en prévision de possibles pénuries dans les années à venir”.

Alors quelles solutions face à ce changement climatique qui n’a visiblement pas prévu de s’arrêter ? Les grands groupes et industriels ont déjà commencé à soutenir les producteurs locaux en investissant dans de nouvelles techniques d’adaptation, explique The Guardian. Mais à Grasse on se méfie de cette bonne volonté : “La question pour nous est de savoir comment avoir le soutien de l'industrie sans perdre notre autonomie et notre souveraineté (...). Les marques veulent associer leurs parfums à notre histoire et à notre patrimoine, pourtant elles arrivent et veulent tout changer. Nous ne voulons pas être les esclaves des industriels”, prévient Armelle Janody.

Les parfumeurs de luxe devront-ils se tourner vers des parfums synthétiques ? Une solution qui ne correspondrait pas aux attentes actuelles des jeunes consommateurs, soucieux de chaines de production courtes, naturelles et traçables.

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