Luxe : un record de valeur à 1500 milliards d'euros en 2023.
Publié le par Journal du Luxe
Malgré les incertitudes économiques qui pèsent sur certains de ses marchés-clés, l’industrie du luxe pourrait signer une croissance de +8 à +10% d’ici la fin de l’année et atteindre des chiffres records selon le dernier rapport de Bain & Company et Altagamma.
Ultra-luxe et puissance expérientielle
Moins de volume de ventes mais des prix plus élevés. C'est en substance ce que révèle le dernier rapport publié par le cabinet de conseil Bain & Company, rédigé en collaboration avec la fondation Altagamma.
Dans ce contexte inflationniste, le segment des biens personnels de luxe devrait ainsi atteindre à lui seul 362 milliards d'euros (+4%) d'ici la fin de l'année tout en se faisant l'écho d'un nouveau rapport à l'investissement, symptomatique des périodes de crise économique. "Bien que l'instabilité macroéconomique ait eu un impact sur les clients dits aspirationnels, le vivier des meilleurs clients a maintenu un élan positif qui a contribué à la croissance du marché", souligne l'étude qui évoque notamment le boom des ventes en haute joaillerie, en mode très haut-de-gamme, ou encore en beauté de prestige.
Une consommation aux accents d'ultra luxe qui se traduit aussi, d'une certaine manière, dans la quête d'expériences - physiques, online ou omnicanales - toujours plus qualitatives. Signe révélateur : d'après le rapport, les ventes en ligne et au sein des boutiques mono-marques, terrains d'expression et d'expérimentation des Maisons, devraient concentrer les deux tiers du marché d'ici à 2030.
Un tournant décisif pour les industries du luxe
Autant d'opportunités qui s'accompagnent de nombreux défis. Celui, d'abord, de composer avec des marchés géographiques en pleine mutation : si la reprise des flux touristiques post-Covid s'est fait ressentir sur plusieurs territoires dont l'Europe et que de nouveaux hot spots se dessinent (l'Asie du sud-est, l'Arabie Saoudite...), la dynamique semble plus contrastée sur une zone Amériques en baisse de -8% par rapport à 2022, plombée là encore par les incertitudes économiques. Même son de cloche chez les consommateurs chinois qui, même s'ils devraient peser pour 35 à 40% du marché des biens personnels de luxe d'ici à 2030, ont ralenti leurs achats ces derniers mois.
Dans ce contexte, Bain & Company et Altagamma parient sur une croissance modérée "à un chiffre" pour 2024. "Nous sommes à un tournant de l’histoire du luxe.Son périmètre s’étend de plus en plus, depuis les biens jusqu’aux services", observe Joëlle de Montgolfier, directrice des Etudes et de la Prospective pour les pôles de compétence Distribution, Luxe et Grande Consommation de Bain & Company. "Paradoxalement, sa structure concurrentielle est de plus en plus concentrée. La bataille qui va se jouer dans les années à venir sera passionnante : le périmètre du luxe va continuer à s’étendre vers des domaines dont les règles du jeu seront différentes, les marques vont rencontrer de nouveaux rivaux issus d’autres secteurs industriels, et devront rivaliser d’ingéniosité pour se maintenir dans la course, jouer leur passage à la taille supérieure, ou survivre ! La stratégie va reprendre une place de première importance dans ce secteur", analyse t-elle.
Cet environnement composite devrait insuffler une flexibilité nouvelle dans les structures organisationnelles alors que pourraient naître des alliances et des fusions-acquisitions destinées à consolider les fondamentaux du luxe tout en accélérant les politiques d'innovation différenciantes. Une mutation stratégique qui devra également intégrer les desiderata de cibles plus multigénérationnelles que jamais, et notamment des consommateurs Z et Millennials qui devraient respectivement représenter 25 à 30% et 50 à 55% des achats de luxe d’ici 2030.