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Chronique

Gérald Genta : icon of time for ever.

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Gérald Genta, c’est le Picasso de l’horlogerie, le maître designer du XXème pour toutes les maisons horlogères Suisse. Le Petit Prince des montres. Il aura donné sa vie à l’horlogerie par passion, et vie à des légendes parmi lesquelles la Royal Oak d’Audemars Piguet, la Nautilus de Patek Philippe, la Constellation d'Omega ou l'Overseas de Vacheron Constantin…

10 ans après sa mort et à l’occasion des 50 ans de la Royal Oak, Evelyne Genta donne accès aux archives de cet illustre designer par son association bientôt fondation, et par la vente en ligne de ses dessins - et NFTs - chez Sotheby's. Premier rendez-vous : Genève, du 10 au 24 février, puis Hong Kong, du 7 au 16 mars, et enfin New-York du 13 au 27 avril. Ces évènements retracent la vie de cette icône du design horloger for ever ! Genta, c’est un talent brut, un aventurier du design, un peintre d’horlogerie, un génie du sens et des matières horlogères dont l’héritage est inestimable et bien vivant !

"Gérald était toujours en avance sur son temps. Il semblait naturel de continuer l’héritage et de repousser les limites dans l’Horlogerie en faisant revivre ses dessins (d’art) de la façon la plus innovante possible : avec des dessins et des NFTs" témoigne sa femme Evelyne, à la veille de la première vente.

Poète et peintre de l’horlogerie moderne : "dessine-moi une montre".

Né en 1931 à Genève d’une mère suisse et d’un père italien, l’histoire de Gérald Genta commence comme dans un roman de Dickens, au sein d'une grande pauvreté. Il doit fuir la Suisse avec sa famille pendant la guerre et se réfugie en Italie. Il rêve de dessiner de belles choses, notamment des voitures italiennes. D’ailleurs, ses pinceaux ne le quittent jamais. De retour en Suisse – pays de l’horlogerie -, il poursuit des études de joaillerie et d'orfèvrerie pour lesquelles il obtient son diplôme en 1951 afin de dessiner des montres.

Il débute chez Universal Genève, célèbre pour ses chronographes, et c’est en 1954 que son premier bébé voit le jour, la Polarouter. Une montre capable de résister aux champs magnétiques qui s'imposent jusque dans les années 1960 comme la montre officielle de la Scandinavian Airlines System (SAS), compagnie aérienne qui ouvre une route plus rapide entre l’Europe et la Californie en passant au-dessus du pôle Nord. Polerouter deviendra l’un des plus grands succès de la marque. Si, à l’époque, les créateurs sont anonymes, il va imposer la notion de design et de designer pour les manufactures. Un événement sans précédent lance le début d’une exceptionnelle carrière : Omega lui demande de rafraîchir la Constellation créée en 1952. Mission accomplie, le modèle devient le fer de lance de la maison et reste aujourd’hui un best-seller qui a célébré, sans avoir pris une ride, son cinquantenaire en 2012.

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L'aventure Genta, l’homme aux 10 plus grands succès horlogers et aux milliers de dessins encore inédits.

Fort de ses premiers succès, il crée sa marque sous son propre nom en 1969. Génial inventeur et artiste, partagé entre sa maison et ses missions, c’est en 1972 qu’il bouscule à jamais les codes de l’horlogerie traditionnelle. Il présente pour Audemars Piguet la Royal Oak, dessinée au bord du lac de Joux, et invente avec elle le concept du sport chic. Selon la légende, Gérald Genta esquisse la Royal Oak en une seule nuit, inspiré par un souvenir d’enfance d’un homme habillé d’une ancienne combinaison hermétique à proximité du pont du Mont-Blanc à Genève. La célèbre lunette octogonale reprend la forme d’un casque de plongée vintage, les huit vis hexagonales fixant la lunette à la carrure de la montre comme le casque seraient fixées à la combinaison de plongée. Il anoblit aussi la matière acier pour faire une montre de luxe, montée sur un bracelet métallique, vendue au prix de l’or et pensée aussi bien pour un dîner en ville que pour disputer un match de tennis. Un pavé dans la mare qui rencontre un succès immédiat. La Royal Oak est aujourd’hui une légende. Les premiers modèles, la Série A, sont considérés comme des trésors et se vendent aux enchères plus de 80.000 euros.

Il récidive en 1976, cette fois pour Patek Philippe, et crée la Nautilus - une forme de hublot marin – modèle 3700/1A en référence aux montres sportives qui vont partout et sous l’eau. On parle à présent de dix ans de délai pour obtenir en boutique son équivalent moderne, et la cote des modèles d’origine atteint les 150.000 euros.

Voilà pour les deux célèbres icônes car la liste des collaborations est sans fin et les succès sont légion : la Grande Sonnerie rétro (1955), montre-bracelet la plus compliquée au monde, estimée à deux millions de dollars, l'Overseas de Vacheron Constantin, la Bulgari Bulgari de Bulgari, la Constellation d'Omega (1959), l'Ingénieur d’IWC (1976) ou encore la Golden Shadow d'Universal Genève, la Pacha de Cartier en passant par la Safari Gefica (1984) qui donne une nouvelle lecture de l’heure, et même Walt Disney (version haut de gamme)… sans compter les milliers de dessins uniques non connus à ce jour !

Sculpteur du temps, des matières et des codes de l’horlogerie moderne.

"Pour moi, les montres sont l’antithèse de la liberté ! Je suis un artiste, un peintre et je déteste devoir adhérer aux contraintes du temps". Gérald Genta est un esprit libre - parfois rebelle – qui dessine avec brio. Il impose de nouvelles matières comme la parfaite conjugaison de matériaux high-tech (l’acier pour la Royal Oak, le bronze pour la Gefica Safari), ou de mélodies d'une grande ingénierie acoustique pour leur donner un luxe moderne. Son travail s'étend sur les trois grandes familles de complications horlogères : complications astronomiques avec les différents calendriers, complications à sonnerie qu’il affectionne et maîtrise, et complications chronographes. Fort de sa réputation, tout lui est permis avec génie et sa baguette magique : l'horloger obtient, dans les années 1980, une licence spéciale de la compagnie Walt Disney qui l'autorise à lancer une édition de montres avec les personnages Disney en décoration sur les modèles. Chacun d'entre eux est vendu entre 3.250 et 3.650 dollars.

1999 marquera un tournant pour la marque Genta qui va être rachetée par la compagnie italienne Bulgari. À compter de 2010, les montres Gérald Genta existent seulement sous le label Bulgari. A sa mort, Bulgari perpétue la légende, ayant racheté la marque en 2000. La marque célèbre régulièrement les anniversaires de cette maison en lançant en 2019 un rêve de collectionneur par exemple. Une montre fidèle à l’esprit du génie créatif à heures sautantes, minutes et dates rétrogrades logées dans un boîtier en platine et éditée en série limitée à 50 exemplaires, l’Arena Bi-Rétro.

L’Héritage Genta : Icon of Time, la continuation d’une légende.

Aux côtés du grand designer - et peintre moderne de l’horlogerie -, il y a une grande dame : Evelyne, sa femme, sa muse et sa partenaire business. A eux deux, ils vont parcourir le monde pendant 30 ans pour servir les demandes de création des Princes, des Rois et des clients exclusifs, parmi lesquels figuraient le roi du Maroc, les sultans d’Oman et de Brunei, le roi d’Espagne, le roi d’Arabie Saoudite, la reine mère d’Angleterre ainsi que de grands hommes d’affaires, sportifs, artistes… Genta a conçu pour eux des pièces uniques et prestigieuses, entre horloges, pendules et cannes, que seul le palais de la mémoire de sa femme nous raconte : "plusieurs années furent nécessaires à la conception de certaines de ces pièces exceptionnelles, aujourd’hui en collection privée". Binôme professionnelle et inspiration dans la sphère privée, elle dirige l’entreprise, supervise l’ensemble des opérations, les fonctions finances, marketing et ventes, ainsi que deux usines de 250 salariés en Suisse. Tandis que son mari s’investit totalement dans la création de modèles emblématiques qui feront date.

Evelyne - citoyenne et diplomate pour la Principauté de Monaco - travaille désormais à l’héritage qu’elle veut vivant via l’Association Genta Héritage pour honorer le designer, assurer la transmission et promouvoir la nouvelle génération de jeune talent designer. Aussi, par ses trois ventes Sotheby's et, demain, par une fondation. Elle prolonge l’œuvre de son mari à travers l’organisation d’expositions, la médiatisation de l’œuvre et du talent de Gerald Genta. A l’heure où j’écris ces lignes, la première vente est en cours : les dessins de la OAK ou Nautilus pourraient valoir une petite fortune… plus qu’un dessin de Picasso ! 

Le rayonnement de Genta va continuer d’inspirer les générations. A moyen terme, les milliers de dessins du maestro, gardés précieusement par son épouse et associée, devraient pouvoir s’incarner en des pièces exceptionnelles qui pourraient être des cartes maîtresses pour une marque ambitieuse. 

Alexis de Prévoisin est consultant Retail-Real Estate & Expérience client et auteur du livre Retail Emotions.

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Royal Oak par Gérald Genta ©Audemars Piguet

Montres & Joaillerie