Le Smoking, création signature d’Yves Saint Laurent

Publié le par Journal du Luxe

Il y a presque 50 ans, Yves Saint Laurent introduisait le smoking dans le vestiaire féminin. Audacieuse, sa création est devenue, au fil du temps, une pièce iconique de la mode.

 

Le smoking Yves Saint Laurent, un ensemble mythique

C’est au cours de l’année 1966, à l’occasion de la présentation de sa collection haute couture, qu’Yves Saint Laurent, alors âgé de 30 ans, bouleverse les codes fondamentaux de la mode. Le créateur signe une collection d’inspirations pop et warholiennes, très colorée. Parmi les ensembles présentés, l’un d’eux se distingue particulièrement : une veste à quatre poches boutonnées noire, assortie à un pantalon droit et court.

Le créateur réussit un coup de maître, créant l’étonnement mais aussi l’indignation de certains. Alors qu’il était impensable pour les femmes de l’époque de porter un pantalon lors d’occasions officielles, Yves Saint Laurent révolutionne le genre et bouscule ainsi les codes qui régissaient le vestiaire féminin.

Agrémenté d’une haute ceinture de satin noir, d’une chemise d’organdi blanche et d’une sorte de lavallière noire, le complet smoking – jusqu’à présent réservé à la gente masculine – revisité par Yves Saint Laurent, attise la curiosité des spectateurs, s’inscrivant comme la pièce iconique du défilé automne-hiver 1966/67.

Quelques mois plus tard, en août 1966, le journal américain Women’s Wear Daily désigne le jeune Saint Laurent comme le « lanceur de bombes le plus élégant du monde de la mode ». 

 

 

Yves Saint Laurent, créateur visionnaire 

En septembre 1966, Yves Saint Laurent inaugure sa première boutique de prêt-à-porter au 21 rue Tournon, dans le VIème arrondissement parisien, sur la rive gauche. Le styliste surprend une fois de plus investisseurs, critiques et amateurs de mode, en démocratisant ses créations sans pour autant mettre un terme à ses activités de haute couture.

Les parisiennes s’y rendent en nombre, en quête du fameux smoking accessible à 680 francs, une somme alors modique en comparaison aux tarifs régnant sur l’univers de la haute couture. « La rue court plus vite que les salons. Je l’ai constaté il y a cinq ans quand j’ai fait mon premier smoking. En couture : aucun succès. En prêt-à-porter : immense«  , déclarera le couturier au regard de sa réussite.

L’ensemble remporte également les suffrages des personnalités influentes de l’époque, à l’instar de Catherine Deneuve, marraine de la boutique Rive Gauche, mais aussi de la chanteuse populaire Françoise Hardy.

« A partir de là tout va très vite, les clientes de haute couture abandonnent leurs a priori, elles comprennent le pouvoir de séduction qu’elles peuvent développer avec ce vêtement, l’allure et la force qu’il dégage » , expliquera plus tard Pierre Bergé.

Au fil du temps, le smoking, coup d’éclat d’Yves Saint Laurent, s’est inscrit comme un indispensable de la garde-robe féminine. Le pantalon et la veste, conférant une silhouette étroite et élancée, profèrent aux femmes le pouvoir de l’homme, tout en conservant une part essentielle de sensualité.

Yves Saint Laurent réinventera le costume jusqu’à son dernier défilé, où il apparaîtra accompagné de Catherine Deneuve et du mannequin Laëtitia Casta, portant tous trois un smoking. Au total, non moins de 200 déclinaisons furent imaginées. « L‘idée d’une femme en costume d’homme n’a cessé de grandir, de s’approfondir, de s’imposer comme la marque même d’une femme d’aujourd’hui. Je pense que, s’il fallait représenter la femme des années 1970 un jour dans le temps, c’est une femme en pantalon qui s’imposerait » , a déclaré le couturier.

 

 

« Pour une femme, le smoking est un vêtement indispensable avec lequel elle se sentira continuellement à la mode car c’est un vêtement de style et non un vêtement de mode » , analysera Yves Saint Laurent.

par Journal du Luxe