Exclusif
« Le luxe régénératif a pris toute la mesure des limites planétaires » Hélène Valade, LVMH.
Publié le par Journal du Luxe
Focus exclusif sur le dernier Hors-Série "Luxe & Sustainability : Conversation régénérative" du Journal du Luxe avec un extrait de l'entretien mené avec Hélène Valade, Directrice Développement Environnement du groupe LVMH.
Journal du Luxe
Quelle est votre vision du luxe régénératif et quelles ambitions ce concept traduit-il ?
Hélène Valade
Le luxe régénératif a pris toute la mesure des limites planétaires : non seulement, il emprunte moins à la nature, mais il lui rend également plus. Et cela, dans le cadre d’une relation revisitée, beaucoup plus harmonieuse, entre nature et créativité. Il n’y a plus de dominants, il y a des alliances avec les écosystèmes.
Ce chemin ambitieux du luxe régénératif nécessite d’opérer une double révolution : celle des représentations d’abord, celle de l’innovation ensuite. La régénération implique en effet une profonde évolution de nos représentations culturelles et mentales. Le processus créatif se transforme : c’est la matière, et donc la nature, qui conduit à l’idée créative, non l’inverse. Ensuite, l’innovation est clé, tant pour trouver de nouveaux matériaux que pour inventer de nouvelles expériences client. Dans le cadre de leur plateforme dédiée au luxe régénératif, LVMH avec Fendi et la Central Saint Martins explorent les nouvelles techniques de travail avec les micro- organismes. Avec l’Imperial College of London, un projet vise à produire de la kératine de laboratoire permettant ensuite de produire de la laine, de la soie, du cachemire ou encore de la fourrure. Toshi, la start-up qui a remporté l’Innovation Award de LVMH à VivaTech en juin dernier, donne ses lettres de noblesse environnementales à la livraison des produits de luxe à domicile.
Notre objectif, à travers cette vision, est de déployer dans les Maisons les quatre plans d’action - Circularité créative, Traçabilité, Biodiversité et Climat - du programme LIFE 360 lancé en 2021. Il nous faut particulièrement insister sur la circularité et la biodiversité, qui sont deux enjeux prioritaires pour le Groupe.
Journal du Luxe
Le Web3 est souvent pointé du doigt pour son impact environnemental. Quelle est votre vision de cette problématique ? La blockchain Aura est-elle une alliée indispensable pour vos missions ?
Hélène Valade
Le programme d’action mis en place par LVMH comprend un volet entièrement consacré à l’e-commerce vert. Le chantier est immense dans la mesure où l’empreinte du numérique s’applique à toutes les nouvelles façons d’aborder l’expérience client. La prise en compte de la pollution numérique doit relever du réflexe tout en restant aspirationnelle.
Il faut apprendre à concevoir les produits et les expériences en intégrant cette contrainte. Nous allons procéder à l’évaluation énergétique de nos sites d’e-commerce parce que la conception de nos sites web et de nos applications a un impact sur la consommation d’énergie des terminaux, qu’il s’agisse des téléphones ou des ordinateurs. Cela permet d’identifier les marques qui ont des progrès à faire et celles qui sont exemplaires.
Il est certain que l’économie digitale est aussi un grand contributeur de dépenses énergétiques. Je rappellerai l’importance de la mesure, qui doit permettre de prendre les bonnes décisions. Le digital et la technologie représentent une opportunité de tracer et de comprendre toute la chaîne environnementale, depuis l’origine des produits. La blockchain, au service d’une meilleure traçabilité, permet de rendre compte de nos engagements. LVMH utilise Aura, un consortium développé par Consensys, Microsoft, en partenariat avec Cartier, Prada Group, OTB Group ou encore Mercedes-Benz. Comme il s’agit d’une blockchain privée qui répond à des usages spécifiques, son impact environnemental est limité. Aura envisage d’être carbon neutral d’ici 2025.
La suite de l'interview, l'intégralité du Hors-Série ainsi que le replay du Webinar "Luxe & Sustainability" sont à télécharger ici.