Le marché du luxe pourrait atteindre 380 milliards d'euros en 2023.
Publié le par Journal du Luxe
Dans leur dernier rapport Luxury Goods Worldwide Market Study - Spring 2023, le cabinet Bain & Company et la fondation Altagamma reviennent sur les perspectives du luxe pour les mois à venir et ses nouvelles spécificités.
De nouvelles dynamiques géographiques
2022 se sera imposé comme une année record pour le marché des biens de luxe personnels, avec une valeur estimée à quelque 345 milliards d'euros. Faisant fi des incertitudes politiques, économiques et sociétales, la tendance se sera maintenue sur le premier trimestre 2023 avec une hausse estimée entre +9 à +11% en comparaison avec le premier trimestre 2022.
Il faut dire que la consommation de produits de luxe en Chine continentale a repris des couleurs suite à la levée des mesures sanitaires liées à la pandémie, un peu avant le Nouvel An lunaire. À cette dynamique, qui devrait s'accentuer pour finalement renouer avec les niveaux de 2021, s'ajoute un remodelage de la cartographie du marché du luxe en Asie porté par l'émergence de nouveaux sites touristiques sur le territoire chinois mais aussi par l'essor de l'Asie du Sud-Est. Mais si le rapport insiste aussi sur la vitalité du luxe au Japon, il alerte néanmoins sur son ralentissement en Corée du Sud, "avec une redirection des dépenses des clients coréens vers les achats à l'étranger, ainsi qu’une accélération du travel retail tiré par les dépenses de touristes d’Asie du Sud-Est, alors même que les touristes chinois n’ont pas encore fait leur retour".
Un ralentissement qui pourrait également se faire ressentir du côté des États-Unis. En cause, des consommateurs moins enclins à dépenser face à un potentiel épisode de récession. Quant à l'Europe, après un début d'année prometteur, celle-ci va devoir se confronter à la période estivale et aux flux touristiques qui l'accompagnent pour confirmer sa bonne reprise.
Un luxe plus sélectif
Consommer du luxe oui, mais pas n'importe lequel. "Moins, mais mieux" : tel est le mantra qui semble désormais animer des clients désireux de privilégier des pièces aussi iconiques qu'exclusives. Une forme de sécurisation des investissements qui se traduit notamment dans l'appétence croissante pour les sacs-signatures, les pièces de haute joaillerie ou encore les parfums de niche. "Le luxe vit une nouvelle ère qu’on pourrait appeler celle du "littéralement moi" : les clients ne recherchent plus uniquement des articles statutaires et aspirationnels, ils veulent des produits uniques", analyse Joëlle de Montgolfier, Directrice de la Recherche du Pôle luxe mondial de Bain. "Beaucoup de nouvelles marques surperforment, mais elles entrent en concurrence frontale avec les géants du luxe. Pour rester pertinentes à long-terme, ces marques vont devoir continuer à entretenir leur esprit rebelle, à déployer la vision de leur fondateur, à lancer des produits "stars", tout en outillant leur organisation pour soutenir la croissance à long-terme", précise-t-elle.
Des perspectives optimistes
Selon le rapport, le marché mondial du luxe devrait ainsi atteindre entre 360 et 380 milliards d'euros d'ici la fin de l'année, ce delta étant porté par les jeux de ralentissement et de reprise au sein des principaux pôles géographiques.
Si ces perspectives s'avèrent encourageantes pour le secteur du luxe, ce dernier devra cependant faire face à bon nombre de challenges, parmi lesquels la maîtrise de son impact environnemental et, notamment, la décarbonisation de sa chaîne de valeur. Un changement de paradigme auquel devrait venir s'ajouter les apports majeurs de l'intelligence artificielle sur nombre de fonctions et de compétences inhérentes au marché du luxe et à ses composantes. "Comme nous l'avons vu avec le virage du digital, les leaders de demain seront ceux capables de garder un pas d’avance et de créer un avantage concurrentiel grâce aux nouvelles technologies", résume l'étude.