Vivienne Westwood, ou l'art d'assumer ses convictions.
Publié le par Pauline Duvieu
Quelques jours après l'annonce de sa mort, retour sur divers passages où la créatrice s'est illustrée comme une pionnière de l'anti-politiquement correct. Une stratégie de communication engagée, audacieuse et ferme qui résonne avec certaines attentes de la clientèle, soucieuse du discours des marques.
Souder une communauté underground et éveiller les consciences d'un large public.
Jeudi 29 décembre, le monde de la mode et du luxe apprenait la disparition de Vivienne Westwood, alors âgée de 81 ans. Connue pour avoir popularisé le style punk rock dans les années 70, la créatrice n'a jamais cessé de casser les codes de l'industrie et d'élever la voix en faveur de sujets tant engagés que controversés. Une leçon de prise de position forte et risquée à double tranchant en termes d'impact sur la communauté, éloignant sa marque d'un certain public mais gage de fidélisation d'une cible bien établie.
L'esprit rebelle et assumé.
L'un des événements marquants de la transgressive Vivienne Westwood n'est autre que son passage à Buckingham Palace en 1992. Après que la Reine Elizabeth II lui remis le titre d'Officier dans l’Ordre de l’Empire Britannique, "l'enfant terrible de la mode" prend la pose devant les photographes. C'est en faisant tourner sa jupe que le cliché de la créatrice, parée d'un collant chair et sans culotte, fût pris. Si l'artiste n'avait pas anticipé cette prise de vue, la photographie est aujourd'hui quasi devenue le symbole de son esprit décomplexé.
Se lever publiquement contre les institutions politiques.
Si la politique est un sujet sensible et parfois tabou pour les maisons de luxe, Vivienne Westwood n'avait pas hésité à protester contre les politiques nationales et mondiales à travers plusieurs initiatives coup de poing. En 1989, cette dernière s'affiche en Une du magazine Tatler, dans une scénographie délibérément provocatrice. Grimée en Margaret Thatcher, "l'impératrice du punk" manifeste son désaccord envers la politique stricte et conservatrice de la cheffe du gouvernement britannique.
Des critiques politiques assumées tout au long de sa vie, comme en 2020 contre le procès d'extradition de Julian Assange, journaliste, lanceur d'alerte et fondateur du site WikiLeaks. Pour affirmer son soutien envers le militant accusé d'espionnage, la directrice artistique s'était enfermée, devant le palais de justice pénale de Londres Old Bailey, dans une cage à oiseaux arborant une pancarte "I AM JULIAN ASSANGE". Un slogan crié par la créatrice, quelques mois après avoir présenté un défilé ultra engagé anticapitaliste, contre le consumérisme et critiquant le manque de liberté d'expression de la presse.
"Buy Less, Choose Well, Make it Last" : la quête écologique avant l'heure.
Alors que la protection de l'environnement est désormais inscrite dans toutes les feuilles de route, à l'instar du nouveau tissu de Stella McCartney et de la stratégie durable d'Hugo Boss, l'artiste s'est toujours dressée comme une grande activiste pour la planète. Non-utilisation de la fourrure dès 2008, recyclage des matières et vêtements, slow consommation, soutien aux associations green, défilés alertant sur le changement climatique, préservation des océans... Autant de combats menés par Vivienne Westwood, et mis en avant sur son site Climate Revolution, qui lui ont valu d'être récompensée par le Swarovski Award for Positive Change lors des British Fashion Awards de 2018.
Ecoresponsabilité, politique, égalité sociale, anticonformisme... "Il s'agit toujours de crier contre l'injustice et de faire réfléchir les gens même si c'est inconfortable" décrivait ainsi Vivienne Westwood dans sa biographie, écrite en collaboration avec Ian Kelly. Une vision toujours d'actualité qui pourrait inspirer bon nombre de créateurs dans leurs stratégies de développement.