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Albatros-Malletier, une histoire d’enfance
Publié le par Journal du Luxe
Michel Simon conçoit des malles à destination des prescripteurs de l’hôtellerie de luxe et du yachting, des hommes d’affaires, ainsi que de la gente féminine.
Un art et une histoire unique qui valait bien une place dans le Journal du luxe. Michel Simon exposera prochainement ses malles sur le Salon du luxequi se déroulera du 6 au 7 juillet 2016.
Journal du Luxe : Un projet de création est souvent lié à l’histoire de son créateur, quelle est la vôtre ?
Michel Simon : Mes plus beaux voyages, je les ai fait en écoutant mon grand-père Oscar-André Simon, me raconter le « Livre des Merveilles » l’histoire de Marco Polo auprès de l’Empereur de Chine. Je m’endormais le soir, la joue et l’oreille collées à la toile cirée bleue de la table de la cuisine. J’avais huit ans.
« Devenir malletier, un rêve d’enfance »
Mon grand-père était mon héros, il était malletier. Je me suis dit qu’un jour aussi je serai malletier. Or, mon second héros (et compatriote belge) Tintin a dit que l’on « était jeune de 7 à 77 ans ». Ayant passé la barre fatidique des septante ans -si comme les chats, nous avons sept vies- je débute ma septième. Il n’y a plus de temps à perdre pour -enfin- réaliser mon rêve d’enfance : être malletier.
JDL : L’art de la conception de malle est peu connue du grand public, pouvez-vous nous en dire plus ?
Michel Simon : Dans ma vie personnelle et professionnelle, j’ai beaucoup voyagé. J’ai habité successivement : Bruxelles, Paris, Tokyo, Saint-Pétersbourg et maintenant le Cap Fréhel (en Bretagne).
Durant chaque déménagement, j’emmenais une vieille malle de voyage réalisée par mon grand-père, avant la guerre 39/45. Architecte d’Intérieur et Designer en mobilier, j’avais déjà réalisé en 1999 une première malle cave-à-vin.
« J’emmenais une vielle malle de mon grand-père lors de chaque déménagement »
Cette malle en acajou avait été présentée au Salon Nautique de Paris, à la Kölmesse de Cologne, à l’Ambiante de Francfort et à Saint-Pétersbourg. J’en avais vendu 15 exemplaires à 14.000 $.
Je me suis dit que cela valait le coup de refaire une autre malle, mais gainée de toile de coton bleu enduite (comme la toile cirée de la table de mon enfance).
JDL : Qu’est-ce qui fait la particularité d’Albatros-Malletier ?
Michel Simon : Albatros-Malletier est une anomalie dans le monde du Luxe (tout comme le grain de sable est une anomalie dans l’huître). Retraité belge en Bretagne, sans financement bancaire, ni relations dans le monde fermé du Luxe, j’avais peu de chance de réussir.
« Albatros-Malletier est une anomalie dans l’univers du Luxe »
Mais c’est mal me connaître, grâce à quelques bons amis (on a les amis qu’on mérite), j’ai lancé un crowdfunding informel, mais qui aujourd’hui compte déjà 161 actionnaires-associés. Mon grand-père était malletier et mon père ébéniste, j’ai réuni leur savoir-faire dans un objet rare, réalisé par les meilleurs compagnons et ouvriers de France.
« J’ai réuni leurs savoir-faire dans un objet rare »
Pour valider le projet, Albatros a participé au Salon Maison&Objet à Paris/Villepinte en janvier 2016 et les retombées se sont avérées inespérées.
JDL : Quel est le « message luxe » diffusé à travers vos malles ?
Michel Simon : Par ces temps de crise mondiale et d’insécurité, nous avons le besoin de nous sentir protégés dans notre cocon. Mais cela ne veut pas dire enfermés.
« Posséder un bel objet est sécurisant. Le contempler, c’est vivre un petit moment d’éternité »
L’ambiance dégagée par une malle de voyage évoque la période -sans doute sublimée- des années 1925. Des longs voyages en paquebots transatlantiques, ou à bord de l’Orient-Express, et des rutilantes limousines décapotables et leur malle arrière sur un porte-bagage chromé.
Posséder un bel objet est sécurisant. Le contempler, c’est vivre un petit moment d’éternité, l’espace d’une seconde. Pour moi, le Luxe ne doit pas être ostentatoire, j’ai vu suffisamment de nouveaux riches durant mes huit ans en Russie.
JDL : Vous exposerez sur le Salon du luxe Paris 2016 en tant que « pépite ». Que pourrons-nous découvrir sur votre espace d’exposition ?
Michel Simon : C’est un privilège et un honneur pour Albatros-Malletier, la petite start-up bretonne venue de nulle part, d’être admise à figurer dans la cour des grands. Je présenterai une malle dressing destinée prioritairement aux prescripteurs de l’hôtellerie de luxe et du yachting, mais aussi une gamme de maroquinerie pour dames et d’attaché-case pour hommes d’affaires.
Cette seconde option s’adresse à des boutiques de luxe et Duty free. Je suis d’ailleurs en négociation avec des acheteurs chinois à ce sujet.
JDL : Pour conclure, quel est votre « luxe » à vous ?
Michel Simon : Mon Luxe à moi est actuellement en cours de réalisation, c’est une grosse valise (ou petite malle) pique-nique vintage pour deux personnes en tête-à-tête, mais avec des verres en cristal taillés, une jolie vaisselle, des couverts design, une nappe et serviettes blanches brodées.
Elle ne sera pas prête pour le Salon du Luxe, mais je compte bien la présenter en septembre au Yachting Festival de Cannes.