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La gravure à la main portée par L’échoppe
Publié le par Journal du Luxe
Bruno Levêque est l’un des rares graveurs héraldiques à exercer en France. À travers son activité, il promeut la gravure à la main et tient à transmettre son savoir-faire aux nouvelles générations.
Rencontre avec le fondateur de L’échoppe qui exposera sur le Salon du luxe Paris les 6 et 7 juillet 2016.
Journal du Luxe : D’où vous est venue cette passion pour la confection de blasons ?
J’ai découvert la gravure lors de ma formation à l’École Boulle pendant 5 ans, une école supérieure des arts appliqués, mais aussi un lycée des métiers d’art, de l’architecture intérieure et du design. J’ai ensuite décidé de me spécialiser dans le domaine de la gravure de blason.
S’en sont suivies des expériences professionnelles notamment dans l’atelier de haute orfèvrerie Christofle. J’ai finalement repris les rênes d’un atelier de gravure en 1985 rue Charles Gille à Tours. L’échoppe était née.
Journal du Luxe : En quoi consiste la gravure héraldique ?
La gravure héraldique consiste à réaliser des créations d’armoiries sur différents supports. De mon côté j’ai choisi de me spécialiser dans la gravure de chevalières à la main. Nous gravons également des médailles de baptême ou encore des timbales en argent. Nous personnalisons ces bijoux selon la demande des clients.
Je suis le seul à maîtriser la gravure sur pierre, fine ou précieuse parmi une douzaine de graveurs héraldistes en France.
Journal du luxe : Vos gravures sont confectionnées à la main. Ne craignez-vous pas que la technologie prenne le dessus ?
Toutes les techniques propres aux graveurs en orfèvrerie ou en bijouterie sont restées manuelles. Il en sera toujours ainsi, car seuls comptent l’élégance et l’esprit que le graveur saura insuffler à cet art toujours vivant, afin de donner vie à la matière et une âme à son trait.
« Personnaliser un objet ne peut être un travail de machine »
Personnaliser un objet ne peut être un travail de machine, il faut beaucoup d’attention et d’écoute pour donner à la gravure tout le sens nécessaire.
Journal du Luxe : Dans quel état d’esprit concevez-vous vos blasons ?
Je cherche à faire ressortir le reflet de la personnalité de chacun de mes clients . Les blasons que nous créons sont toujours en rapport avec leur vie, leurs passions, leurs origines.
Journal du Luxe : Vous avez été désigné Meilleur Ouvrier de France en 2004, pouvez-vous nous raconter cette expérience ?
C’est une immersion totale pour faire le chef d’œuvre de sa vie ! Le projet a pris forme en réalisant des recherches sur la composition de base, la mise en place des éléments, les formes et les proportions.
J’ai structuré chaque élément constitutif de l’armoiries, par des recherches approfondies sur l’anatomie, pour l’Hercule et le lion, mais aussi graphiques, pour les lambrequins, le casque, le panache et le ruban avec la devise.
En travaillant la complexité du drapé, il m’a paru intéressant de poser ce dernier sur deux branches croisées de chêne et d’olivier, sans feuillage, pour ne pas contrarier le rythme ascendant de la composition.
Journal du Luxe : Comment envisagez-vous de faire évoluer votre activité ?
J’ai récemment déménagé dans un nouvel atelier. La boutique est devenue beaucoup plus grande mais reste ouverte sur notre atelier.
« Je forme tous mes collaborateurs »
Par ailleurs, de nombreux graveurs proches de la retraite se refusent de transmettre leur savoir. Ils quittent la profession en abandonnant leur fidèle clientèle. Je n’ai jamais accepté ce tempérament qui mène la profession de graveur à la main à sa perte. Je m’attelle donc à former tous mes collaborateurs qui sont maintenant d’excellents professionnels.
Je donne des cours d’initiation à la gravure à la main aux apprentis sertisseurs du Centre de Formation du Saumurois. Ainsi, ces futurs professionnels sauront faire appel aux services de vrais graveurs et, pour les meilleurs, embrasser eux-mêmes ce beau métier.
C’est un métier qui demande des compétences indispensables de dessinateur. Il faut aussi être maître de ses nerfs, lorsque l’on grave à la main, la précision est de mise, nous n’avons pas le droit à l’erreur. Il faut aussi être très patient, la réalisation d’un blason demande une journée entière…
Journal du Luxe : Nous aurons l’honneur de découvrir votre activité sur le Salon du luxe 2016, pourrons-nous vous voir à l’ouvrage ?
Mon stand sera principalement consacré à la démonstration de mon savoir-faire. Je chercherai à prouver que, si à l’heure actuelle tout est numérisé, le travail à la main a encore sa place dans l’univers des métiers d’art. L’être humain est toujours meilleur que la technologie en termes de créativité et d’élégance.
Journal du Luxe : Pour conclure, quel est votre « Luxe » à vous ?
Mon Luxe à moi c’est d’exercer un métier qui me plaît et de voir repartir les clients satisfaits au quotidien, de leur prouver que la main est meilleure que la machine. C’est aussi un métier qui me permet de laisser des traces et ça c’est très rare.