Le biomimétisme : quand les marques beauté s’inspirent du vivant.
Publié le par Anaïs Clavell
"La nature est bien faite", une expression bien connue qui pourrait être le mantra du biomimétisme. "Du grec 'bios', la vie, et 'mímêsis', imitation, le biomimétisme correspond à l’observation, la compréhension et la reproduction de mécanismes et de structures naturellement présents dans la nature pour développer des solutions efficaces, respectueuses et durables", définit Élodie Valin, directrice de la valorisation scientifique chez NAOS (Bioderma, Institut Esthederm, Etat Pur).
Une approche scientifique qui s’inspire du vivant et qui peut s'appliquer à tous les domaines : de la médecine, à la conception de vêtements, en passant par l’ingénierie. Mais ces dernières années, c’est bien dans le monde de la beauté que le biomimétisme fait parler. Les marques sont de plus en plus nombreuses à utiliser ce procédé pour développer des soins toujours plus performants. 4 questions à Élodie Valin du groupe NAOS pour mieux comprendre le biomimétisme et ses enjeux pour l'univers de la beauté.
Journal du Luxe
Est-ce que le biomimétisme est synonyme d'actifs naturels et/ou biologiques ?
Elodie Valin
Utiliser des actifs naturels ou issus de l’agriculture biologique n’est pas forcément synonyme de biomimétisme, au contraire ! Nous considérons que la peau assimile mieux ce qui la constitue, ce qui lui ressemble, qu’elle va "reconnaitre" et qui permet d’apporter une affinité et tolérance optimales. Des formules inspirées de la biologie cutanée et intégrant des ingrédients biomimétiques qui respectent la peau et renforcent ses mécanismes naturels. Pour cela, nous préférons chez NAOS des ingrédients biomimétiques, qu’ils soient naturellement présents dans la peau (par exemple glycérine, phospholipides, céramides, acides aminés), ou qu’ils présentent une similitude de structure ou d’action (par exemple le Squalane, une forme stable du squalène présent dans le sébum, ou encore des huiles végétales riches en oméga 3,6 et 9 présents dans le ciment intercornéocytaire). A titre d’exemple, les Soins Purs d’Etat Pur sont formulés avec + de 98% d’ingrédients biomimétiques, pour une parfaite affinité avec la peau.
Ainsi, plus que l’origine de l’ingrédient (naturel, issu de l’agriculture biologique) c’est sa structure, sa pureté et son action dans la peau qui importent ! Un ingrédient naturel/issu de l’agriculture biologique peut donc être biomimétique, tout comme il peut être totalement différent et éloigné des constituants de la peau.
Attention enfin, cela ne veut pas dire que l’origine des ingrédients n’est pas contrôlée et tracée : notre charte de sélection très stricte (nous sélectionnons 2% des ingrédients parmi les 30000 disponibles dans l’industrie cosmétique pour formuler nos produits Bioderma et Institut Esthederm et moins de 1% pour Etat Pur) témoigne d’une haute exigence en termes de traçabilité, qualité, et approvisionnement d’ingrédients.
Journal du Luxe
En quoi le biomimétisme est une approche qui peut révolutionner le monde de la beauté ?
Elodie Valin
S’inspirer du biomimétisme pour développer de nouvelles innovations, cela n’est pas nouveau ! Cette approche a révolutionné d’autres secteurs industriels : les matériaux (développement du velcro inspiré de la bardane, ou les revêtements inspirées de la peau des requins par exemple) ou encore par exemple le transport (TGV japonais inspiré du martin-pêcheur). Cette approche peut aussi révolutionner le monde de la beauté parce qu’elle est basée sur une connaissance très fine des mécanismes biologiques de la peau et que le monde vivant est une source d’inspiration infinie. Le biomimétisme permet donc d’innover en continu, en plaçant la peau au centre de la démarche pour garantir sa beauté et sa santé, durablement. Chez NAOS, nous nous inspirons du biomimétisme et de la peau depuis plus de 40 ans pour développer chacun de nos produits pour nos 3 marques. Cela a donné lieu à des innovations majeures telles que Créaline H20, la première eau micellaire dont l’agent nettoyant est inspiré des membranes de nos cellules et qui offre un démaquillage en un seul geste, tout en douceur pour les peaux sensibles.
Journal du Luxe
Pensez-vous que cette technologie peut séduire les marques beauté luxe ? Devront-elles forcément s’y intéresser ?
Elodie Valin
Bien sûr ! Et de nombreuses marques de luxe s’inspirent déjà de la nature pour certains ingrédients ou certaines technologies de formulation même si cela n’est pas toujours communiqué. Les marques de luxe se penchent sur des ingrédients biomimétiques plus exclusifs et s’inspirent de mécanismes d’actions issus d’organismes plus rares.
Les laboratoires fournisseurs d’ingrédients innovent également fortement dans le domaine du biomimétisme et proposent ces innovations à leurs clients, notamment des marques beauté luxe.
Journal du Luxe
Comment les consommateurs accueillent cette nouvelle tendance scientifique ?
Elodie Valin
Le biomimétisme, l’inspiration du monde vivant pour innover, ce n’est pas nouveau ! Par exemple, dans les années 90, cette démarche a guidé Bioderma dans le développement de la technologie micellaire, intégrée dans la Créaline H2O. Cette technologie de démaquillage sans rinçage s’appuie sur la présence de micelles, petites sphères constituées de tensioactifs, molécules biomimétiques semblables aux phospholipides des membranes des cellules de la peau.
Aujourd’hui le consommateur a plus que jamais besoin de comprendre la démarche derrière les produits, et le biomimétisme de plus en plus est communiqué, mis en lumière. Cela est très bien perçu par le consommateur, qui y voit, à juste titre, une démarche respectueuse et une promesse de qualité*.
*Étude menée par Consumer Now & Home Sweet test, sur 1009 consommatrices françaises âgées de 19 à 79 ans. 2022