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« La technologie ne remplacera jamais l’humain, elle doit être un levier d’amélioration et non un substitut » Jean-Michel Karam, entrepreneur beauty tech

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Récemment découvert par le grand public grâce à son passage dans la célèbre émission "Qui veut être mon associé ?" saison 5, Jean-Michel Karam n’est pourtant pas un nouveau visage dans le monde de l’entrepreneuriat et de la beauty tech.
Ingénieur, serial entrepreneur, il est à la tête entre autres d’IOMA, MEMSCAP, IEVA group, l’atelier du sourcil, le boudoir du regard… C’est un pionnier et précurseur de la beautytech et un visionnaire qui a toujours su anticiper les tendances de l’industrie.

Dans cette interview, il partage sa vision de la beauté, de l’importance de l’humain dans un monde de plus en plus digitalisé, et des tendances clés qui façonneront le secteur dans les prochaines années.

Sandra Robichon

L’industrie de la beauté évolue constamment, notamment avec l’essor de la Beauty Tech. Comment voyez-vous le secteur dans 10 ans ?

Jean-Michel Karam

Bien que la beauty tech connaisse aujourd’hui un essor grandissant, son utilisation en magasin reste encore ponctuelle.

Dès 2010, en fondant IOMA, nous avons été les véritables pionniers de cette révolution, en introduisant des diagnostics de peau ultra-technologiques et en initiant la personnalisation ultime des soins cosmétiques. Au départ, il y avait une crainte : celle que la technologie remplace les expertes beauté. J’ai toujours défendu l’idée que ces outils ne remplacent pas l’humain, mais viennent renforcer son expertise et son efficacité. Nous avons distribué des milliers d’appareils de diagnostic à travers le monde, et même si certains concurrents ont tenté d’adopter cette approche, les coûts d’investissement restent un frein à une démocratisation totale.

Selon moi, l’avenir de la beauté repose sur trois piliers fondamentaux : la technologie au service de l’humain, une omnicanalité totale et la puissance des communautés. C’est exactement ce que nous avons développé avec My IEVA. Nous combinons le diagnostic via intelligence artificielle, une routine beauté / bien-être hyper-personnalisée et globale (soin, make-up, nutrition, sport…) et même un bijou connecté qui analyse le stress environnemental afin d’offrir un accompagnement sur-mesure. Je veux créer la première "communauté bleue", où chacun peut vieillir "beau et bien" en s’appuyant sur la science et la technologie.

Sandra Robichon

Peut-on imaginer un futur où l’expérience en boutique disparaît totalement au profit d’un accompagnement digitalisé ou l’humain reste-t-il un pilier fondamental ?

Jean-Michel Karam

Le digital a révolutionné notre manière de consommer, mais il a ses limites. Selon moi, l’expérience physique ne disparaîtra jamais. Il y aura toujours un besoin de contact humain, surtout dans le secteur de la beauté et du bien-être, où l’émotion, le toucher et l’accompagnement sont essentiels. C’est ce que je constate avec mes propres réseaux d’expériences comme L’Atelier du Sourcil ou Le boudoir du regard. Ces lieux d’expertise et d’expériences ne peuvent pas être remplacés par une expérience digitale.

Même les marques qui ont commencé en full digital reviennent vers le retail physique. La clé, c’est d’allier les deux : proposer un parcours omnicanal fluide, où les canaux online et offline se complètent et renforcent conjointement l’expérience client.

Sandra Robichon

Aujourd’hui, les attentes des consommateurs évoluent rapidement : transparence, clean beauty, durabilité, personnalisation… Quelles seront les valeurs clés qui guideront l’industrie cosmétique dans les prochaines années ?

Jean-Michel Karam

La transparence et la clean beauty ne sont plus des tendances, elles sont devenues des pré-requis. Aujourd’hui, un consommateur n’achète pas une marque qui ne répond pas à ces exigences. Ce qui va désormais primer, c’est l’efficacité prouvée. Les clients ne veulent plus seulement des promesses, ils veulent des résultats concrets et sont prêts à payer le prix pour cela.

La personnalisation devient une évidence. Nous sommes tous uniques, et la cosmétique doit s’adapter à chaque individu. C’est ce que nous faisons avec My IEVA, en allant encore plus loin : nous ne nous contentons pas de proposer des produits cosmétiques mais tout un mode de vie avec des conseils en nutrition, en bien-être et en activité physique, en fonction des besoins réels des utilisateurs.

Sandra Robichon

Vous avez déjà révolutionné plusieurs secteurs en combinant technologie et cosmétique. Avez-vous une nouvelle industrie en tête que vous aimeriez transformer ?

Jean-Michel Karam

Il y a en effet une industrie que je tente de transformer et qui m’intéresse particulièrement c’est celle de la "soft longevity". C’est notamment ce que j’essaie de créer avec My IEVA : créer un écosystème global autour de la longévité et du bien-être. J’étudie de près ce que font les grandes figures de la Silicon Valley dans le domaine de la longévité, comme Brian Johnson et sa "No Death Community". Mais contrairement à eux, je ne cherche pas à prolonger la vie à tout prix. Mon ambition, c’est la soft longevity : bien vieillir, en restant en forme et en préservant sa beauté naturelle.

J’ai toujours conçu mes projets pour moi-même avant tout. Si je veux une peau saine, des cheveux forts et un mode de vie équilibré, pourquoi ne pas en profiter pour créer un concept qui réponde aussi aux besoins de milliers de personnes ?

Sandra Robichon

Quelle est votre plus grande conviction pour l’avenir du secteur et quel conseil donneriez-vous à la nouvelle génération ?

Jean-Michel Karam

Peu importe les avancées technologiques, tout repose sur les talents. C’est la clé de voûte de n’importe quelle industrie. C’est pourquoi j’ai investi notamment dans l’école de Régine Ferrère sur Chartres, qui forme les meilleurs experts beauté du monde.

Le luxe, la beauté et le bien-être sont des domaines où la France excelle. Ce sont des métiers d’avenir, car ils offrent une mobilité incroyable : un expert beauté peut travailler partout dans le monde. Ce secteur est en pleine évolution, avec des formations de plus en plus poussées, du CAP jusqu’au Master.

Mon conseil pour les jeunes générations ? Ayez une passion ! Sans passion, on ne devient jamais excellent. Sortez de votre zone de confort, développez vos ambitions et prenez des risques. L’entrepreneuriat et l’innovation nécessitent du courage et de la persévérance, mais les plus belles réussites naissent toujours de la passion.


Sandra Robichon, CEO et fondatrice de Catwalks, une agence de recrutement spécialisée dans le Retail Luxe, Mode & Beauté.

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