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« Le Web3 : lire, publier et posséder » David Klingbeil, Google.

Publié le par Journal du Luxe

Le Journal du Luxe vous offre un aperçu de son dernier Hors-Série "Luxe, NFT & Metaverse". Dans cet extrait, David Klingbeil, Global Insights Manager Luxe et Beauté chez Google NYC et fondateur de la newsletter “What The Luxe”, explique comment l'industrie du luxe peut tirer profit du Web3. 

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Comment définir la notion de luxe sur le Web3 ?

David Klingbeil

On utilise le terme Web3 pour définir un ensemble d’éléments allant de la blockchain aux crypto-monnaies en passant par les NFTs et le métaverse. Pour comprendre ce que l’on entend par Web3, il convient de retracer l’évolution du Web depuis sa première version. Le Web1 se concentrait sur la lecture, le Web2 sur la lecture et la publication. Le Web3 allie le fait de lire, de publier et de posséder. Il s’agit d’une véritable révolution pour de nombreuses industries. En ce qui concerne le luxe, le Web3 impacte ce secteur de diverses manières. 

Tout d’abord, il renvoie à la possibilité d’un luxe digital puisqu’il introduit le fait de pouvoir certifier la possession d’un bien digital et l’authenticité de celui-ci. Avant, si j’avais une image et que je l’envoyais à 20 personnes, il était impossible d’attester qui possédait l’image originale ou d’en empêcher la copie. Avec le Web3, les NFTs permettent de certifier la propriété d’une image ou de tout autre bien digital à la manière d’une carte grise : si j’ai un NFT et que je décide de l’envoyer à une autre personne alors je ne possède plus ce NFT et la personne ne peut pas en faire de copies. Le Web3 permet la création d’objets digitaux rares voire uniques. Or, la possibilité de posséder un bien digital rare renvoie à la notion de luxe digital. 

Le Web3 fait également écho à une nouvelle source de statut. Si certains consomment des biens de prestige uniquement dans un but hédoniste, il n’en demeure pas moins qu’une grande partie des clients achètent du luxe afin de signifier leur statut social. A l’heure du Web2, ces clients achetaient une montre, un sac ou une voiture, se prenaient en photo avec puis partageaient ces clichés sur les réseaux sociaux afin de valoriser leur “flex”, une expression américaine qui désigne le fait de gonfler ses muscles. Le meilleur exemple de ce type de comportement est le compte Instagram RKOI (Rich Kids Of the Internet) qui retranscrit la vie de jeunes gens aisés au milieu de leurs jets privés, voitures de sport et autres sacs de luxe. 

Le Web3 renvoie à la possibilité d'un luxe digital puisqu'il introduit le fait de pouvoir certifier la possession d'un bien digital et l'authenticité de celui-ci.

David Klingbeil

Un bon moyen de comprendre comment le Web3 pourrait changer la donne est d’observer le phénomène des PFP NFTs qui consiste à utiliser un NFT comme photo de profil. Certains NFTs comme les Bored Apes ou les Cool Cats confèrent à leur détenteur un statut similaire au fait de posséder un produit de luxe. Cette tendance a même touché Alexandre Arnault, CEO de Tiffany&Co, qui a remplacé sa photo de profil Twitter par un CryptoPunk. Et si ce phénomène est pour l’instant réservé aux early adopters, il n’est pas sans rappeler cette citation de l’auteur William Gibson : “Le futur est déjà là mais il n’est pas distribué de manière homogène.” 

Enfin, le Web3 se fait le reflet de tout un marché à conquérir. Le développement des crypto-monnaies a engendré un nombre important de crypto-millionnaires appelés “whales” (baleines). Les plus célèbres d’entre eux sont sans doute les frères Winklevoss qui avaient accusé Mark Zuckerberg de leur avoir volé l’idée de Facebook et avaient obtenu de lui 30 millions de dollars. Après avoir investi cette somme en bitcoins, ils sont désormais à la tête d’une fortune estimée à plus de 6 milliards de dollars. Et ils sont loin d’être les seuls à avoir profité de cette ruée vers l’or digital... Or, il est légitime de se demander si ces “baleines” décideront de dépenser leur fortune de la même manière que les clients traditionnels du luxe. Préféreront-ils acheter des sac Hermès ou se tourner vers des biens digitaux comme les NFTs, à l’image du Bored Ape #2087 vendu pour quelque 2.3 millions de dollars ? Ou peut-être privilégieront-ils des habits digitaux pour leur avatar comme la robe virtuelle commercialisée à 9.500 dollars par la start-up The Fabricant ?

La suite de l'interview, l'intégralité du Hors-Série ainsi que le replay du Webinar "Luxe, NFT et Metaverse" sont à télécharger ici. 

par Journal du Luxe