Seconde main de luxe : un taux de croissance annuel de 10 à 15% sur les dix années à venir.
Publié le par Journal du Luxe
Dans une récente analyse, le cabinet McKinsey s’est penché sur la perception du marché de la seconde main de luxe. Motivations des consommateurs, désirabilité, perspectives : que faut-il en retenir ?
Des visées favorables encouragées par le numérique.
Selon cette étude, le marché de l'occasion appliqué au luxe aurait pesé pour 25 à 30 milliards de dollars en 2020 et devrait connaître un taux de croissance annuel de 10 à 15% sur les dix années à venir. Nouveau rapport à l’investissement, à la durabilité, à la rareté… Autant de considérations qui pèseraient de plus en plus dans les intentions d’achat et qui pourraient progressivement inciter les 75 à 80% de consommateurs qui se tournent encore exclusivement vers des produits de luxe neufs à se laisser tenter par des articles de seconde main.
Toujours selon les insights de McKinsey - qui s'appuie sur une étude menée durant trois mois auprès d'acheteurs de produits de luxe basés en Amérique du Nord, en Europe et en Asie - la première motivation à se tourner vers le marché de l'occasion serait la possibilité de se procurer un produit rare ou discontinué. Cité par 41% des sondés, cet argument est suivi de très près par le critère de l'éco-responsabilité (40%) puis par l'aspect financier (36%).
Du reste, sur certains segments en particulier, la tendance pourrait rapidement s'intensifier. Selon le cabinet, la moitié du marché du luxe d'occasion serait aujourd'hui composée de bijoux et de montres ; d'ici 2025, le pre-owned pourrait même peser pour un tiers de ce secteur, boosté en grande partie par la digitalisation des usages et de l'offre en elle-même.
Luxe d'occasion : opportunités ou cannibalisation ?
Avec de telles perspectives, pas étonnant que les maisons et les marques de prestige se positionnent sur ce créneau, que ce soit en propre ou via des partenaires spécialisés. Parmi les initiatives qui ont vu le jour en 2021, citons notamment Gucci et son site dédié The Vault ou encore les offres mises en place par Oscar de la Renta et Valentino. Et si la démocratisation de la blockchain tend à renforcer l'indice de confiance envers les produits d'occasion, les maisons rivalisent d'ingéniosité pour protéger leur sacro-sainte image de marque, surfant notamment sur les dénominations "vintage", "archives", ou sur les notions-clés de "patrimoine" ou d'"héritage".
Toujours est-il que, selon les experts, les clients verraient plutôt d'un bon oeil l'entrée des acteurs du luxe sur le marché de la seconde main. Ainsi, 54% des sondés achetant exclusivement des produits de luxe neufs portent un regard "positif ou inchangé" sur la désirabilité d'une marque s'aventurant sur le marché de l'occasion. 41% émettent un jugement "neutre" alors que seuls 5% témoignent d'une perception "négative".
Quant au spectre de la cannibalisation, l'étude révèle que neuf clients sur dix engagés sur le marché de la revente sont également des acheteurs de produits neufs. La seconde main, au premier plan des nouveaux business models du luxe.