Chronique
Prada ou l’érotisme du… complexe.
Publié le par Eric Briones
Le public subit le diktat de la "Scrolling Culture" : tout doit être immédiat, tout doit être codé, tout doit être limpide, immédiatement comestible. Dès lors, tout finit par se ressembler et perdre en saveur. Mais pas pour Prada.
Prada résiste à la "Scrolling Culture".
Si cette notion est bien implantée dans l'industrie du luxe, il existe des exceptions, notamment la marque Prada qui se refuse obstinément à l'injonction de la simplicité. En témoigne le credo de Miuccia Prada : "J'ai toujours dit que la simplification est un désastre ! C'est la ruine de tout. J'en ai marre des gens qui disent que Prada est trop compliqué. Qu'une marque doit être simple. Qu'une marque est ceci, qu'une marque est cela... [...] Il faut commencer à renforcer l'idée que la complexité est nécessaire et que la simplification est, à un moment donné, une erreur".
Prada n’a jamais été infidèle à ses principes. Plus la marque s’explique - cogiter sur elle-même la rend donc radicalement "méta" - plus elle est mystérieuse. C’est un labyrinthe fascinant baptisé "Prada-ness".
Ce mystère trouve son expression la plus pure dans la saga publicitaire Prada, dont la dernière campagne "The Symbole Spring 2022" ose l’utilisation intégrale du flou. Prada va au-delà des conventions, elle ose le cérébral sensuel. Quand on porte du Prada, on expose un signe extérieur d’intelligence et de désirabilité. Vous en doutez ? Regardez la fétichisation des méga influenceuses Lena Situations et Kim Kardashian pour Prada ! Nous sommes dans l’ère du cogito et en Prada, on vit le frisson du cogito fortis. On se transforme tous en planneur stratégique sexy. Merci Miuccia !