Chronique
"Fracture" d’Olivier Rousteing : Balmain n'est pas encore Netflix !
Publié le par Eric Briones
Olivier Rousteing est un génie des RP, tout ce qu’il touche se transforme immédiatement en articles extatiques dans la presse mode internationale, alors que ses campagnes publicitaires, n’ont assurément pas le même impact.
Fracture par Balmain.
Pour cette rentrée, Rousteing décide de sortir Balmain du carcan de la campagne publicitaire, pour créer une minisérie "Fracture" en partenariat avec la chaîne anglaise Channel 4 et ainsi nourrir le fameux snobisme culturel indispensable aux marques de luxe en 2021. Olivier Rousteing a une vision de planneur stratégique, sur la place des séries dans notre monde post-covid.
"Les séries échappent à la mode et au luxe alors qu’on ne peut plus négliger leur force de frappe, surtout après deux ans de pandémie. Franchement, qui parle de fringues et de mode en sortant du confinement ? Le sujet de conversation numéro un, ce sont les séries qu’on se conseille pour tenir le coup dans une société privée de loisirs."
Une fois de plus le teaser de "Fracture" a fait tourner la tête des journalistes de mode, louant la diversité du casting d’acteurs "jeune et sexy", le message progressiste "no gender", la mise en scène endiablée, les incroyables tenues Balmain et la passion authentique de Rousteing pour les séries.
Le problème est que la majorité des médias se sont arrêtés… à la bande annonce, alors que le public s'est arrêté… au premier épisode de 11 minutes !
Les résultats d’audience sur Youtube après trois semaines de diffusion de l’ensemble des 5 épisodes, sont sans nuance :
- Episode 1 : 322 K
- Episode 2 : 118K
- Episode 5 : 18K
"J’ai vu pour vous" les cinq épisodes et ma conclusion : n’est pas Netflix (on sent surtout le sur-moi HBO, ici ) qui veut !
Fracture avec son motel "Le Rêve" est une pâle copie d'Euphoria. On tombe dans une caricature générationnelle qui se donne bonne conscience à coup de tirades Woke et de leçons anti consuméristes - un comble pour une marque aussi ostentatoire que Balmain. Les personnages sont une collection de stéréotypes et au bout de quelques minutes, on s’ennuie ferme.
Le luxe adore les collaborations produits, il devrait s’inspirer de cette pratique quand il aspire à faire un produit culturel, comme une série tv.
Bravo pour le coup de com, mais à oublier pour l’ambition culturelle !