Exclusif
« On se dirige vers une version "fast-food" d’Internet, où la création de contenus sera plus rapide, plus simple, moins chère et beaucoup plus grande en volume. » Emmanuel Vivier, HUB Institute.
Publié le par Journal du Luxe
Focus exclusif sur le dernier Hors-Série "IA, Web3 et Luxe : au cœur d’une (R)évolution technologique" du Journal du Luxe avec un extrait de l'entretien mené avec Emmanuel Vivier, Co-fondateur de la plateforme d’accélération des transformations digitales et durables HUB Institute.
Journal du Luxe
Pour commencer, pouvez-vous vous présenter et présenter HUB Institute ?
Emmanuel Vivier
Cela fait 25 ans que j’accompagne les grandes entreprises autour de leur transformation digitale, de leurs problématiques de marketing digital ou d’innovation. Le HUB Institute est un Think Tank digital et durable. Depuis 11 ans, nous conseillons et formons les grandes entreprises à toutes les innovations qui vont impacter leur business à 24 mois. Nous organisons plus de 150 conférences par an, nous publions 25 Trend Reports et nous formons plus de 10.000 personnes que ce soit sous forme de Keynotes, de journées de formation ou de Learning Expeditions.
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En tant que think-tank digital, aviez- vous anticipé une évolution et une adoption si rapide du Web3 et de l’IA ?
Emmanuel Vivier
En ce qui concerne le Web3, un sujet que nous avons bien creusé, nous avions déjà connu l’effervescence autour de Seconde Life et nous sommes restés très prudents en invitant les entreprises à expérimenter et à se former avant de trop vite investir dans le métaverse. Beaucoup se sont lancés, attirés par le buzz, sans avoir pris le temps de bien comprendre les différences entre les plateformes comme Roblox, Minecraft, Zepeto, Decentraland ou ne connaissent pas vraiment l’univers des jeux vidéos, dont certains sont déjà un type de métaverse. Pour nous, il y a encore un challenge important en termes d’usage ou d’audience sur certaines plateformes alors qu’à l’inverse le potentiel de la 3D, avant même le métaverse, est déjà mûr avec la création d’images photoréalistes, le virtual try on, la VR... Et c’est oublier les usages B2B autour du jumeau numérique dans la ville ou la smartcity (BIM), dans l’industrie. Des entreprises comme 3DS font déjà plusieurs milliards sur des plateformes de collaboration virtuelle pour concevoir des usines, des avions... Du côté blockchain, le potentiel est important, entre autres sur la traçabilité, mais c’est un sujet très technique. En ce qui concerne les NFC, il reste une vraie barrière en termes d’UX, ce qui bloque clairement le passage vers une adoption grand public. Comme beaucoup de technologies, l’adoption prend souvent beaucoup plus de temps que l’on ne l’imagine. En matière d’intelligence artificielle, le sujet n’est pas nouveau. Il date même des années 60 et les applications sont déjà très nombreuses que ce soit du côté marketing ou industriel. En revanche, nous sommes bluffés par l’accélération massive autour de l’IA générative. Tout le monde a été sidéré par le succès de ChatGPT : plus de 100 millions d’utilisateurs en moins de deux mois et beaucoup plus depuis. L’arrivée de Google Bard devrait continuer d’amplifier le mouvement et une seconde vague va amplifier cette adoption en fin d’année avec l’arrivée d’Office 365 Copilot ainsi que de l’IA générative chez Google Workspace avec Duet. En parallèle, on assiste à une explosion du nombre d’applications B2C et B2B basées sur l’IA générative pour créer, modifier, éditer du contenu et des données bien plus vite. Que ce soit le text to code, le text to task, le text to image, le text to vidéo, le text to 3D : le gain de productivité est hallucinant. On estime de +10 à +50% le temps gagné selon les métiers ! Côté graphisme par exemple, MidJourney, Stable Diffusion ou Adobe Firefly sont de véritables révolutions dans la création et la retouche. Nous allons assister à une refonte importante des modes de travail sur les cinq prochaines années.
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Quels sont les principaux défis que vous avez identifiés dans la mise en œuvre et l’adoption de ces technologies ? Comment y faire face ?
Emmanuel Vivier
Comme le dit Bill Gates, on surestime souvent l’adoption d’une technologie à court terme et on sous-estime ses conséquences et son impact à long terme. Au niveau B2C, c’est le consommateur qui est le roi et qui choisit si et quand une technologie doit exploser. Il est donc indispensable de faire plus d’efforts pour l’intégrer le plus tôt possible et prendre en compte ses attentes, ses retours, ses critiques... Les entreprises sont encore bien trop "product centric" malgré de nombreuses déclarations. Au niveau B2B, plus les entreprises sont de grande taille, plus le changement devient long et complexe. Il y a une véritable nécessité à accompagner le changement. On veut souvent précipiter voire forcer de nouvelles façons de faire. Il faut au contraire prendre le temps de créer une vision partagée, d’acculturer et de former les managers et les collaborateurs pour autoriser l’expérimentation, voire la collaboration et le travail avec des acteurs extérieurs comme des start-ups, des chercheurs, des experts... Le management oublie que les équipes opérationnelles ont souvent une très bonne conscience des irritants clients ou de bonnes idées en termes de process à améliorer... Il faut comprendre que, dans la plupart des grandes entreprises, tout est fait pour dissuader un employé d’innover ! Pour un collaborateur, innover signifie énormément d’efforts, de temps, voire de prise de risque face à une méta structure construite pour limiter les risques et donc le changement. Face au changement, il ne faut pas sous- estimer la puissance de l’intelligence collaborative. Il faut aussi savoir accepter un certain degré de liberté et d’autonomie des employés pour stimuler l’agilité a priori naturelle des collaborateurs.
La suite de l'interview, l'intégralité du Hors-Série ainsi que le replay du Webinar "IA & DATA" sont