Journal du Luxe 3.0 : une rentrée placée sous le signe du Luxe 3.0.
Publié le par Karen Jouve
Carnets d’été et bilan d’un hiver crypto mélangé à une explosion de l’actualité Luxe et Web3, décryptage des tendances du moment autour des modèles de plateforme de luxe, du futur de l’e-retail ou encore de la sobriété énergétique à l’ère du Web3.
Le 15 septembre dernier, plus de 2.300 personnes ont suivi le live de rentrée animé par Karen Jouve et Eric Briones accompagnés de leurs invités Patrizio Miceli (Al Dente), Alexandre Bloch (Al Dente X The New Face), Jean Révis et David Bourguignon (MAD), Frédéric Cavazza (SYSK) et Sylvain Delteil (Perfect Corp).
Entre hiver crypto et amour à la plage : le Luxe 3.0 tire son épingle du jeu.
"Au milieu de l’hiver, j’ai découvert en moi un invincible été". Cette citation d’Albert Camus résume bien l’état du marché aujourd’hui. Malgré un marché des crypto en berne qui dévisse depuis plusieurs mois, les projets Luxe et Web3 n’ont jamais été aussi nombreux à éclore. De quoi mettre en perspective l’actualité.
D’un côté, de nombreux indicateurs sont au rouge, le prix des cryptomonnaies phares tels que Bitcoin ou Ethereum ont flanché, de nombreux experts dont le CEO de l’échange Coinbase alertent les investisseurs et leur demande de se préparer à un hiver tropical qui pourrait durer de 12 à 18 mois. Dans le même temps, certains fails commencent à arriver chez Meta qui rétropédale ou encore certains géants qui avaient cru un temps dans l’émergence d’un nouveau rôle de Chief Metaverse Officer, mais ralentissent la cadence.
Et pourtant, à la vue du dernier rapport sorti par Dune, derrière le géant Nike, ce sont essentiellement les maisons de luxe qui remportent la palme des meilleures collections NFT ayant généré le plus de revenus. Dolce & Gabbanaa réalisé plus de 25 millions de dollars lors de ses ventes NFTs, une véritable success story NFT. Quant à Gucci, entre ses collaborations remarquées avec SuperPlastic et 10KTF ou encore la commercialisation d'oeuvres d'art digitales, la maison aurait tiré 11,56 millions de dollars de revenus de ses activités NFTs dont 10 millions de chiffre d'affaires direct et 1,56 million de gains sur les reventes.
Dans les grandes tendances observées cet été auprès des maisons de luxe, on note le standard peu à peu créé par les NFT Moment notamment popularisés par les POAP : d’Estée Lauder à Kenzo, les grandes maisons de luxe s’en emparent pour créer de nouvelles manières d’interagir avec leur communauté, engager leurs clients et créer un premier niveau de fidélisation à travers le Web3.
Enfin, cet été aura aussi été l’occasion de collections à sensation comme Tiffany & Co. qui repense totalement l’art du Gifting à travers le Web3 en offrant aux détenteurs de Bored Ape Yacht Club 250 pendentifs de la marque, comme pour leur faire signe d’entrer dans la communauté. Alexandre Arnault a encore frappé très fort.
Ce qu’il faut retenir du Journal du Luxe 3.0 du 15 septembre.
De nombreux sujets étaient à l’ordre du jour de cet événement de rentrée. Tous les intervenants ont ainsi pu apporter leur pierre à l’édifice d’une réflexion collective sur l’état du marché et les perspectives de développement du luxe 3.0.
Parmi les grandes thématiques à retenir :
- Les impacts à long terme de la crise crypto. Lorsque l’on parle d’hiver crypto, on parle évidemment d’une période de forte baisse du marché des cryptomonnaies, suivie généralement de frayeur des investisseurs les moins aguerris. Pour autant, une autre manière de voir la situation est aussi d’en saisir les opportunités comme celle de construire de vrais projets solides en période de bear market pour mieux croître et se développer lors de la reprise. De nombreuses marques, notamment dans le luxe, l’ont bien compris et s’attachent désormais à construire de vrais business autour du Web3 en oubliant progressivement l’aspect uniquement spéculatif.
- La loi des séries chez Meta. Il est difficile aujourd’hui encore d’obtenir un consensus sur les méthodes et la vision de Meta. Lorsque certains parlent d’un Métavers ambitieux, d’autres crient à la fumisterie. Et pour cause : avons-nous attendu de parler de métaverse pour obtenir des avatars non-réalistes et centraliser quelque chose qui, par définition, doit être décentralisé ? Certains des pires clichés produits par Meta ont ainsi créé de vifs débats parmi les spécialistes du Web3.
- Le passage d’un modèle fermé de "Maison de Mode” à un modèle dit de "Plateforme de Luxe” ouvert. Si les maisons de luxe ne sont pas parvenues à saisir l’opportunité de la précédente vague de transformation digitale, elles sont en train de prendre leur virage avec le Web3. Ce que soulignent Jean Révis et David Bourguignon, du cabinet de conseil MAD, c’est l’importance que doivent donner les marques de luxe à la valeur qu’elles génèrent grâce aux nouveaux outils que sont les NFT ou le Métaverse, ainsi que la protection indispensable du client, de la marque et de l’environnement pour s’inscrire dans une démarche durable et rentable. Dans ce contexte, tous les experts présents lors de ce live étaient d’accord pour dire qu’avec le Web3, les maisons de luxe ont l’opportunité d’entrer dans une nouvelle ère et de saisir pleinement la valeur ajoutée amenée par ces nouveaux écosystèmes notamment en construisant de vraies plateformes de luxe ouvertes et décentralisées. L’exemple des consortiums dans le luxe ou des collections faites en collaboration le prouvent. "Seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin". L’enjeu est aussi et surtout de prendre son indépendance face aux plateformes traditionnelles que sont les GAFAM pour enfin reprendre la main sur son expérience client et ses bases de données.
- Le digital crafting et ses impacts en matière de recrutement. Il y a un vrai enjeu de recrutement aujourd’hui autour des profils rares qui font le luxe 3.0. Et toutes les maisons de luxe n’ont pas forcément intérêt à chercher à tout internaliser. 3D designer, crypto-artiste, développeur Voxel Edit... de nombreuses compétences sont recherchées notamment pour s’adapter à l’état du marché. Dans cette jungle aux compétences et à la bonne vision, certains acteurs se démarquent comme l’agence AlDente et The New Face qui accompagnent depuis des années les nouvelles mutations du luxe notamment dans le digital et plus récemment en devenant l’un des partenaires de The Sandbox. Durant le live, Patricio Miceli et Alexandre Bloch ont ainsi insisté sur l’importance de construire une expérience Metaluxury au service des nouvelles générations et se plonger dans les codes qui feront le luxe de demain.
- La sobriété énergétique et ses enjeux pour le Web3. "Le next big thing se heurte à l’impératif d’un numérique plus responsable" souligne Frédéric Cavazza en prévenant de l’enjeu indispensable qu’est la réduction de l’empreinte carbone et la sobriété énergétique au service de projets plus verts et respectueux de l’environnement. Sur ce point, de nombreux axes de progrès existent et il est vrai que les maisons de luxe doivent l’intégrer "by design” dans leurs process interne et externe.
Rendez-vous lors du Global Beauty and Fashion Tech Forum le 22 septembre prochain.
Perfect Corp., partenaire des quatre dernières éditions du Journal du Luxe 3.0, organise le 22 septembre prochain de 9h à 12h30 un forum dédié à la beauty et fashion tech entouré des meilleurs experts. Parmi les invités, autour d’Alice Chang, CEO de Perfect Corp et Sylvain Delteil, VP Business Development Europe, se succèderont des personnalités issues de Fabernovel, Pierre Fabre, Coty, Dior, Baker, ainsi qu'Eric Briones, Directeur Général du Journal du Luxe.
L’occasion de décrypter les enjeux de la beauty et fashion tech en parcourant les tendances, et les défis à l’œuvre pour construire la tech au service du luxe et de la beauté. Rendez-vous ici pour vous inscrire et ne rien rater des débats !
D'ici là, les 90 minutes de replay du JDL 3.0 de rentrée sont à (re)voir ici.