NFT NYC, BeautyTech, perspectives crypto... Retour sur le dernier live du Journal du Luxe 3.0.
Publié le par Karen Jouve
Nouveau rendez-vous de la sphère luxe et tech, le Journal du Luxe 3.0 décrypte tous les 15 jours l’actualité et les grandes tendances d’un secteur en plein essor. Focus sur le live du 16 juin dernier avec le bilan du NFT NYC, un résumé du nouveau rapport Bain et Altagamma, le lancement de marques de luxe dans le Web3 et les dernières campagnes métaverse, le tout complété par les interventions exclusives de Joël Hazan (BCG), Olivier Rivard-Cohen (Cacio e pepe), Sylvain Delteil (Perfect) et Nicolas Rebet (Retailoscope).
Résilience économique du luxe et perspectives optimistes autour du Web3.
Bain & Company et Altagamma ont récemment sorti une étude sur le marché du luxe dans le monde, ses tendances et ses perspectives à venir. Le message à retenir n'est autre que l'exceptionnelle résilience économique du luxe en 2022 avec une croissance prévue entre 5 et 15%. Parmi les nouvelles voies du luxe, on retrouve le luxe 3.0 - avec une croissance à l'horizon 2030 estimée de +5 à +10% sur la seule sphère du Web3 - et les digital assets avec une prégnance assez forte du gaming et le metaverse.
Le live s'est aussi attardé sur une seconde étude dédiée aux attentes des femmes dans le metaverse. Un besoin pédagogique extrêmement fort en ressort avec, au premier rang des usages, la socialisation puisque 43% des femmes de 18 à 24 ans souhaitent se connecter et socialiser.
Enfin, retour sur un débat qui a enflammé la toile ces derniers jours autour des annonces de Meta et de ses avatars conçus avec certaines maisons de luxe. La communauté Web3 n’a pas tardé à réagir pour pointer du doigt un manque d’unicité et d’interopérabilité, un style trop marqué, un visuel trop proche de la réalité et surtout, en fond, le débat entre décentralisation et centralisation qui est au cœur du développement des metaverses.
Malgré une baisse du marché crypto, luxe et Web3 continuent d’écrire leur histoire.
Certaines marques font preuve d'originalité dans cette extension du réel. En témoigne la bague intelligente de Gucci et Oura qui permet de mieux se comprendre et de s’exprimer à travers une application mêlant bien-être et santé.
Du côté des NFTs, l’événement incontournable de ces derniers jours était le NFT NYC, véritable Superbowl des pièces digitales. Malgré une baisse du marché en volume, l’engouement des marques et des investisseurs semble se poursuivre. Quelques points à retenir des grands enseignements livrés lors de cet événement :
- La sécurité est la clé, mot d’ordre de la keynote qu’a donné Ledger, la licorne française leader du marché.
- L’utilité est le maître mot et le phygital prédomine.
- Le Web2.5 : ne serait-ce pas intéressant de prendre le meilleur des deux mondes ?
- La guerre des outils créée une confusion pour les marques qui ne savent où donner de la tête.
- Le metaverse est véritablement le buzzword de l’année.
- La réalité augmentée est un des vecteurs d’adoption du Web3 dans le virtual fashion.
Avec la chute du cours des cryptomonnaies, le Web3 a observé une montée en puissance de la recherche de sens et de "purpose". C’est d'ailleurs l’objet de l’arrivée, le 12 juillet, des NFTs produits par l'acteur Bill Murray. Enfin, la nomination de Pharrell Williams en tant que Chief Brand Officer de la collection Doodles en dit encore un peu plus sur l’intérêt que portent les artistes et les célébrités au Web3.
Le luxe continue son ascension dans l’univers Web3 avec deux nouveaux lancements. D’un côté, Bentley, fameuse marque automobile de luxe qui lance sa collection unique de 208 NFTs sur Polygon dont le nombre correspond à la vitesse maximale de la Bentley continental GT. De l’autre, The Fabricant et World of Women qui joignent leurs forces pour construire un Web3 plus éthique à travers une collection de digital Fashion.
Cela n’échappe à personne : le volume des marketplaces NFT est au plus bas. Ce qu’il faut retenir, c’est que malgré cette conjoncture, de nombreuses collections continuent de se lancer mais le All Time High a laissé place à des stratégies de plus long terme. Peut-être un bon signe pour l’adoption massive ?
Enfin, Kering continue son ascension dans le Web3 en investissant 1,5 milliard de dollars dans le fonds Haun Ventures lancé en Mars. Hublot, de son côté, et après les premières annonces des semaines passées, noue un partenariat avec Bitpay pour accepter les paiements en cryptomonnaie.
Concernant Discord, NFT God nous donne une réflexion intéressante sur le potentiel de Discord d’affaiblir les projets de non-fungible tokens. Alors que toutes les initiatives NFTs se lancent désormais sur ce réseau social, n’est-il pas aussi en train de distraire ses propres communautés ?
Dans l’actualité blockchain, Vertu était à l’honneur, la marque qui a débuté son voyage dans les années 2000 pour redéfinir le luxe dans la téléphonie mobile. La maison revient au devant de la scène en proposant un nouveau modèle de téléphone, nommé "Privacy is the new luxury", uniquement accessible via l’achat de NFT et en partenariat avec Binance.
"Pas de projet Web3 sans compétence gaming" a souligné Eric Briones. C’est l’enseignement du lancement de Gucci Gaming Academy avec Face IT, autour de la santé mentale des plus jeunes, mais aussi l’arrivée de Gucci Vault et la plateforme Super Rare. C'est une exposition de NFT complètement immersive où le storytelling s'avère plus qu'important.
En conclusion des actualités à la une, Salvatore Ferragamo vient de lancer une nouvelle boutique à New-York sur une offre de baskets sur-mesure.
L’interview des stratèges du luxe 3.0.
Sylvain Delteil - Beauty Tech : fondamentaux et enseignements pour le luxe.
Sylvain Delteil, Responsable Business Development de Perfect Corp est revenu sur les fondamentaux et les enseignements de la beauty tech pour le luxe depuis 2013.
"Les questionnements auxquels on fait face aujourd’hui sont relativement les mêmes que ceux que l’on a connus il y a quelques années dans le monde de la cosmétique" a-t-il expliqué.
Quelques points marquants sont à noter de 2013 à aujourd’hui : des investissements massifs dans la technologie, des problématiques de data et d’engagement client, l’avènement des smartphones, les problématiques d'omnicanalité, l’usage croissant autour des outils d’AR/VR juste avant de prendre le virage Web3.
Google a lancé son service de Virtual Try On en 2021. "Comment une entreprise de luxe peut-elle gérer son site e-commerce, ses boutiques, ses réseaux sociaux... On arrive ici à des problématiques d’omnicanalité".
De nombreuses questions se posent alors avec l’arrivée de ces technologies et des NFTs sur l’identité de sa marque dans l’univers digital, les acteurs avec qui se lancer et les objectifs à poursuivre.
Joël Hazan - L’analyse décryptée du luxe 3.0.
"Le Luxe 3.0 est un concept plus large que la seule application du Web3. Il s’agit de communautés et de connaissances" a précisé Joël Hazan, Directeur général et associé du cabinet international de conseil en stratégie Boston Consulting Group.
Joël Hazan a sensibilisé sur le fait que les marques doivent révéler leur communauté et créer la légitimité pour elles de participer à ces communautés. Il a révélé que les communautés disposent de beaucoup d’attentes et nécessitent donc d’offrir de la connaissance, de la culture et aller au-delà du produit. Enfin, il a souligné à quel point il est important que les marques de luxe donnent une culture et la possibilité d'interaction, l'occasion d'être actionnaire financier mais aussi actionnaire "créatif".
"Les gens qui sont actifs dans les NFTs sont actifs pour l’investissement et l’opportunité financière que cela représente. Mais, à 60% ils valorisent l’aspect communautaire et utilitaire."
RTFKT est en cela un phénomène unique qui, en 6 mois d’opération, rassemble 1,5 milliards de dollars de somme totale vendue tandis que la marque décide de ne garder pour elle que 300 millions. Tout le reste est laissé à la communauté sous forme de création de valeur. C'est l’un des enseignements de la philosophie Web3. La création de valeur est impressionnante et le membre d’une communauté contribue à cette dernière. Les protagonistes du monde virtuel ont pu observer la naissance d'une marque de fashion pur player Web3 à travers RTFKT.
Selon l’expert, plusieurs aspects du Web3 sont importants à considérer : le contrôle de la chaîne de valeur, la capacité pour l’émetteur de capter les royalties sur les ventes secondaires pour créer de la valeur, la capacité pour la marque à créer et engager des communautés, l‘immersion…
Le chiffre à retenir issu de l’étude du BCG est 65% : c’est la proportion de détenteurs de NFT qui préfèrent détenir un NFT "blue chip" plutôt qu’un item de marque de luxe emblématique (un sac Chanel par exemple). Cependant, sur toute la population générale, seuls 5% préfèrent le NFT à l’item de luxe. Cela démontre donc un potentiel énorme pour les marques mais un vrai besoin d’éducation pour le public.
Olivier Rivard-Cohen - les business models du Web3.
Olivier Rivard-Cohen, fondateur de l'agence créative Cacio e Pepe, a décrypté, en introduction de son propos, le modèle économique du Web3 et ceux à venir.
"L’abondance est au fondement des modèles économiques des marques. Aujourd’hui, avec l’adoption de la philosophie au Web3, on peut donner du poids à un objet mais aussi à l’utilisateur".
Le modèle économique est au centre du renouveau du retail. Les fabricants au cœur de l’industrie de la mode ont des choses à inventer autour du Digital Twin et sont sans doute le prochain axe fort pour les maisons de luxe. "L’enjeu au-delà même d’un modèle économique est comment je crante et j’épouse ces nouveaux acteurs et consommateurs". Olivier a finalisé son discours par la posture à la fois avant-gardiste et raisonnée que doivent avoir les marques de luxe en se questionnant avant tout sur leur rôle et ce qu’elles souhaitent véhiculer dans ce nouvel univers.
Nicolas Rebet - Les metaverses, une revanche pour le retail physique et les boutiques ?
Nicolas Rebet, fondateur du cabinet Retailoscope, est revenu sur les lancements récents de Gucci Vault et du Virtual Store de Printemps, alors que le passage du commerce physique au e-commerce n’a pas toujours été simple.
"Comment peut-on transférer une boutique où l'on peut faire des achats réels sur le Web3 ?". Les marques de luxe ont la capacité de mettre en scène de façon différente et de scénariser leurs produits, pour transférer davantage d’émotion. "Il va falloir créer des avatars de vendeur pour créer de l’interaction". Il reste encore de nombreux enjeux dans la capacité à échanger entre avatars, pour transférer la relation physique dans le Web3.
Rendez-vous le 14 juillet prochain à 11h30 pour une nouvelle édition spéciale. D’ici là, le live Journal du Luxe 3.0 est à visionner ou re-visionner ici :