La Cinquième Avenue n’est plus la rue commerçante la plus chère du monde
Publié le par Journal du Luxe
Dans son dernier rapport Main Street Across The World, le cabinet immobilier Cushman & Wakefield revient sur l'évolution des loyers dans les principales rues commerçantes du monde. Et surprise : pour la première fois, la prestigieuse Fifth Avenue new-yorkaise cède sa place de numéro 1 à une artère européenne.
Retail : des loyers au-dessus de ceux de 2019
En 2024, l'heure est encore à l'inflation pour la majorité des 138 rues étudiées dans l'étude Cushman & Wakefield : cette année, 57% d'entre elles ont vu leur prix au mètre carré grimper, contre 29% qui ont connu des tarifs stables et 14% qui ont vu leur loyer baisser.
Si les experts estiment que les prix pratiqué dans ces artères sont aujourd'hui en moyenne 6% supérieurs à ceux d'avant la pandémie, les dynamiques varient selon les grandes zones géographiques. Aux Etats-Unis par exemple, les principales rues commerçantes ont vu leurs loyers bondir d'environ +11% cette année alors que la progression des loyers est plus lente en Asie Pacifique (+3,1% en moyenne) même si l'Inde a vu les prix de ses 16 principales artères retail grimper d'environ +8,5%.
20.000 euros le mètre carré pour la Via Montenapoleone
En Europe, la croissance se fait elle aussi plus pondérée avec une augmentation estimée à +3,5% contre +4,2% en 2023. Avec un leader italien puisque la Via Montenapoleone s'impose désormais comme la rue commerçante aux emplacements les plus chers au monde.
Sur cette artère milanaise, le prix au mètre carré avoisine 20.000 euros, soit une hausse de +11% en 2024 (+30% en deux ans) soutenue en grande partie par l'appréciation de l'euro par rapport au dollar américain.
C’est la première fois qu'une artère européenne s'impose en haut de ce classement, faisant descendre la Cinquième Avenue (New York) à la seconde position avec une moyenne de 19.537 euros par mètre carré.
Le classement général, établi par pays, situe New Bond Street à la troisième place : la rue londonienne, où vient de s'installer Jacquemus, s'affiche à environ 17.210 euros par mètre carré (+13%).
S'en suit Tsim Sha Tsui (Hong Kong) avec 15.697 par mètre carré (+7%) puis les Champs Elysées : cinquième, l'avenue parisienne a vu ses loyers progresser de +10% cette année avec un prix moyen par mètre carré estimé à 12.519 euros.
Des groupes de luxe qui investissent
Si l'étude insiste sur la puissance de ces emplacements stratégiques alors que les flux touristiques internationaux commencent peu à peu à retrouver leur vigueur pré-pandémique, l'évolution des loyers pourrait également se temporiser avec la baisse des taux d'intérêt qui devrait se poursuivre en 2025.
Toujours est-il que les acteurs du luxe n'ont pas attendu pour sécuriser leurs implantations sur ces artères ultra sollicitées où les emplacements se font rares. Ces derniers mois, le groupe Kering, propriétaire entre autres de Gucci, Saint Laurent ou encore Balenciaga, s'est ainsi offert des biens immobiliers à Paris (Avenue Montaigne, rue Saint Honoré) ainsi qu'à Milan (Via Montenapoleone) et New York (Cinquième Avenue). Des investissements stratégiques alors que les ventes en propre - boutiques mono-marques et online - pourraient concentrer les deux tiers du marché du luxe d'ici 2030.