Bentley réfléchit à sa stratégie d'électrification
Publié le par Pauline Duvieu
L'heure semble être au constat chez Bentley. Dans une interview accordée au magazine Car and Driver, le CEO du constructeur automobile Frank-Steffen Walliser a fait part du manque d'intérêt des clients pour les voitures électriques alors que la marque avait annoncé son programme electric only dès 2030 il y a deux ans.
"L’introduction d’une technologie basée sur l’infrastructure est généralement surestimée"
Bentley changerait-elle de trajectoire ? Il y a maintenant plus de deux ans, l'automobiliste dévoilait ses projets green, les programmes Beyond100 et #GotoZero, notamment caractérisés par l'électrification et l'hybridation de l'ensemble de ses gammes dans l'objectif "d'être neutre en carbone de bout en bout d'ici 2030" comme l'indiquait Adrian Hallmark, ex PDG de Bentley Motors aujourd'hui dirigeant d'Aston Martin. Grâce à un investissement massif, le constructeur avait lancé en production sa première voiture électrique et comptait proposer cinq véhicules électrifiés à partir de 2025.
Aujourd'hui, les plans de l'entreprise semblent avoir été remis en question. Frank-Steffen Walliser, ex grande figure de Porsche pendant près de trois décennies et actuel PDG de Bentley, a fait part de sa réflexion quant à cette feuille de route à l'occasion d'une interview pour le magazine spécialisé Car and Driver.
Bentley se voudrait beaucoup plus prudent envers cet avenir entièrement électrique prôné avant la pandémie sanitaire mondiale. "La voiture électrique est une technologie basée sur l’infrastructure. Et l’introduction d’une technologie basée sur l’infrastructure est généralement surestimée, pour une raison ou une autre, en termes de vitesse, alors que la profondeur d’utilisation est généralement sous-estimée" a expliqué Frank-Steffen Walliser. Le développement des activités électriques serait donc beaucoup plus lent et complexe qu'annoncé au départ.
La clientèle ne serait pas au rendez-vous
Outre cet aspect, c'est aussi le marché de la consommation en lui-même que le PDG a questionné. Selon lui, les clients de voitures haut de gamme ne seraient pas si enclins que cela à acheter et conduire un modèle électrique.
"Ce que nous constatons actuellement sur le marché du luxe, c'est que les gens rejettent les voitures électriques. Ils ne considèrent que les voitures de luxe équipées d'un moteur à combustion. Nous ne pouvons pas proposer deux voitures, l'une électrique et l'autre à essence, dans le même segment. Cela ne fonctionne pas uniquement en termes d'investissement et de retour sur investissement. Nous devons donc trouver autre chose" a-t-mentionné au magazine.
Si "aucune décision sur ce qui va suivre" n'a pour l'heure été prise, le secteur hybride pourrait être la solution pour répondre aux besoins des clients. Frank-Steffen Walliser garde tout de même le plan d'électrification d'ici 2030, mis en place avant son arrivée, bien en tête. La nuance est que le PDG parle aujourd'hui "d'ambition", en se laissant la possibilité de repousser cette deadline et de continuer de produire des moteurs thermiques.
Une première Bentley entièrement électrique devrait voir le jour en 2026, avec une entrée sur le marché en 2027. Reste à savoir comment le constructeur prendra concrètement le virage de l'électrique.