Paris Good Fashion x Eyes on Talents dévoilent les noms des lauréats du Grand Prix Photography & Sustainability 2021.

Notre travail en duo s’articule autour des femmes et du vêtement, nous capturons les moments "d’entre deux". Pour chaque série, nous créons des liens intimes avec nos modèles. Concernant cette série récompensée, nous étions dans le village troglodyte de Guermessa, aux portes du désert tunisien. Nous avons suivi l’association Itinérance Méditerranée : les femmes de Guermessa, Caroline et Alexia. Quelques jours en immersion totale, une bonne part de vivre ensemble, de longues heures à préparer le couscous, un rythme doux et lent, des rires, des chants. Il y a comme un fil rouge conducteur entre le projet Itinérance et notre travail : un lien social qui s'immisce par le textile et que nous retranscrivons par la photo. Nous nous faufilons pour poursuivre cette aventure humaine. 

"Future shock" est une manifestation surréaliste de la face cachée du monde de la mode, où les textiles sont devenus le véhicule du profit, détaché de la créativité ou de la nécessité. Nous étions dans une démarche collective avec ERE et Farago Projects qui nous ont permis de rassembler des créatifs ayant la volonté de s'engager. C’était un échange constant avec toute l’équipe et en flux tendu avec Imruh Asha qui assemblait les sculptures sur les mannequins pour les photographier dans la foulée. Ça nous a permis d’avoir une énergie hyper positive sur le set et le résultat qu’on cherchait.

Nous avons voulu retranscrire la force d’Itinérance Méditerranée : beaucoup de joie du faire ensemble, le sens du vêtement dans la conscience collective et le travail de la main. À Guermessa, la broderie est un art domestique, transmis de génération en génération depuis plusieurs siècles. Une activité aussi bien génératrice d’autonomie économique que de lien social pour les brodeuses berbères. À travers le vêtement, on parle aussi bien des problématiques liées au statut de la femme en Tunisie, que du marché de la fripe. 

Nous ne voulions pas montrer crûment la vérité de la face cachée de la surproduction et surconsommation avec des montagnes de vêtements. Mais plutôt utiliser un langage créatif que les professionnels du milieu de la mode puissent apprécier pour ouvrir au dialogue sur le besoin de repenser la notion de déchet et questionner le rythme frénétique de la création.

C’est cette complémentarité avec toute l’équipe d’Itinérance Méditerranée qui nous a permis d’apporter ce regard. Parce qu’il y avait déjà une énergie incroyable autour du projet et qu’il faut beaucoup de temps pour tisser des liens forts.

Quand tout est fait avec intégrité, passion et que tout le monde se réunit pour une cause avec un regard artistique, on peut faire passer des messages forts de façon authentique et qui touchent le public.