Exclusif
« Soutenir le savoir-faire et l’industrie joaillière est essentiel pour l’avenir de la joaillerie française » Julien Rousseau, Arthus Bertrand
Publié le par Anaïs Clavell
La maison française spécialisée dans la fabrication de médailles Arthus Bertrand franchit une nouvelle étape de son développement : elle vient d'ouvrir sa première boutique sur le continent asiatique, et plus précisément en Corée du Sud à Séoul. Julien Rousseau, le directeur de la marque nous en dit plus sur la stratégie de cette maison deux fois centenaire qui fait aujourd'hui partie du patrimoine français.
Journal du Luxe
Arthus Bertrand ouvre sa première boutique hors des frontières de l'Europe : parlez-nous du développement international de la maison.
Julien Rousseau
Arthus Bertrand a fait un effort pour renouveler son offre de bijouterie précieuse et accroitre sa notoriété depuis 2019, et a connu une forte expansion sur le marché français ces 5 dernières années. Toutefois, Arthus Bertrand n'a jamais eu de distribution internationale significative (en dehors de la Belgique et de la Suisse). C'est donc une suite naturelle pour la poursuite de notre développement.
Journal du Luxe
Que venez-vous chercher spécifiquement sur le marché asiatique ? Et que souhaitez-vous lui apporter ?
Julien Rousseau
Nous débutons notre développement par le marché asiatique, d'abord la Corée où nous avons ouvert un premier point de vente en décembre 2024, puis le Japon. Ces pays sont notre priorité car ils ont une distribution déjà très bien structurée pour le marché du luxe, mais surtout Arthus Bertrand a un certain nombre de qualités très appréciées par les clients locaux : un savoir-faire artisanal haut-de-gamme, une fabrication exclusivement réalisée dans nos propres ateliers français, et une histoire très riche depuis 1803.
Journal du Luxe
Justement, comment parvenez-vous à préserver le savoir-faire unique d'Arthus Bertrand ?
Julien Rousseau
A l'origine, Arthus Bertrand est un bijoutier qui réalise les premières médailles honorifiques de la Légion d'Honneur sous Napoléon Bonaparte, avec une technique bien particulière qu'on appelle l'estampage. Nous avons conservé ce savoir-faire spécifique et notre succès se fait aujourd'hui essentiellement avec la création de médailles créatives qui utilisent cette même technique. Les médailles font partie de notre identité, ce qui ne nous empêche pas bien entendu de développer d'autres types de bijoux.
Journal du Luxe
Quelles sont les stratégies marketing mises en place pour faire connaître la marque aux plus jeunes générations ?
Julien Rousseau
La médaille est un bijou emblématique chez nous, qui est traditionnel mais a réussi à s'imposer comme un bijou dans l'air du temps. La personnalisation par la gravure, la possibilité de les accumuler, la diversité des symboles que l'on peut y représenter permettent d'en faire des bijoux qui ont du sens pour chacun, pour toutes les générations. Par ailleurs, en s'associant avec des artistes (Le street artist Jordane Saget) ou des marques de mode (Rabanne), Arthus Bertrand adresse un message dynamique et moderne à la génération plus jeune qui n'a pas forcément entendu parler de nous auparavant.
Journal du Luxe
Selon vous, quels sont les prochains défis pour la haute joaillerie française ?
Julien Rousseau
La joaillerie est un savoir-faire historiquement très implanté en France, qui a été concurrencé ces 30 dernières années par de la sous-traitance de fabrication dans des pays à bas cout de main d'oeuvre. La préservation du savoir-faire et du tissu industriel locaux est le principal enjeu de la joaillerie française aujourd'hui selon nous. Nous observons aujourd'hui un retour des marques vers de la fabrication locale de qualité, voire pour certains l'intégration en interne des capacités de production, et les écoles de formation en bijouterie ont un grand succès, ce qui nous rend optimistes.