Rolex lourdement condamné pour avoir interdit à ses distributeurs la vente de ses produits en ligne.
Publié le par Anaïs Clavell
La maison horlogère suisse vient d’être condamnée par l’Autorité de la Concurrence à payer une amende record de 91 600 000 euros. Le tribunal français lui reproche d’avoir interdit à ses distributeurs de pouvoir vendre ses montres en ligne.
Des pratiques commerciales "graves" et "restrictives"
Pendant plus de dix ans, il était impossible de s’offrir une montre Rolex via Internet. Et pour cause : la manufacture avait conclu un contrat avec ses distributeurs agréés dans lequel il était stipulé qu’aucun garde-temps ne pouvait être vendu "par correspondance" et donc a fortiori, par Internet.
Des pratiques commerciales jugées bien trop restrictives par l’Autorité de la concurrence, qui vient de condamner Rolex France à une amende de 91 600 000 euros. Le gendarme de la concurrence explique dans un communiqué que "ces pratiques sont graves, car elles reviennent à fermer une voie de commercialisation, au détriment des consommateurs et des distributeurs, alors que la distribution en ligne connaît depuis quinze ans un essor croissant pour les produits de luxe, y compris les montres".
Prononcée à l'encontre de Rolex France, l’amende inquiète également les autres entités du groupe suisse (Rolex Holding SA, Rolex SA et la fondation Hans Wilsdorf), l’Autorité de la concurrence les tenant "solidairement responsables du paiement de l’amende".
Pour sa défense, l’horloger haut de gamme expliquait vouloir, à travers ce système, préserver son image et lutter contre la contrefaçon. Des arguments balayés par l’Autorité de la concurrence qui estime que d’autres moyens existent pour garantir la traçabilité de ses produits.
Le passeport digital : nouvelle arme contre la contrefaçon ?
En effet, pour lutter contre la contrefaçon, les concurrents de Rolex ont opté pour un nouvel outil : le passeport digital. Panerai, Boucheron, Breitling, Vacheron Constantin, ou encore Hublot… De plus en plus de maisons horlogères l'utilisent déjà. Comment cela fonctionne concrètement ? Chaque nouvelle montre vendue est accompagnée d’un passeport digital infalsifiable basé sur une blockchain. Une sorte de certificat numérique qui réunit diverses informations sur le garde-temps, et notamment des détails techniques et son cycle de vie. Une documentation qui peut se transmettre d’un détenteur à un autre facilitant la revente.
Implantée sur le créneau de l'occasion depuis tout juste un an, Rolex avait également lancé en mai dernier "Rolex Certified Pre-Owned", un programme de certification et de revente des montres de la marque âgées d'au moins trois ans. Avec cette condamnation par l’Autorité de la concurrence, Rolex n’a aujourd’hui plus d'autre choix que d’accélérer encore davantage sa stratégie digitale.