Chronique
Quand Balenciaga invente le "Spleen Quiet Luxury".
Publié le par Eric Briones
Nous sommes orphelins des folies d'Alessandro Michele chez Gucci, de la décadence chic de Tom Ford... Heureusement, il reste Demna à analyser.
Le créateur de Balenciaga est entré en repentance suite aux affaires des campagnes publicitaires toxiques de la fin d'année 2022. Fini la provocation, nous rentrons dans une période de sagesse où seul le vêtement compte, la collection rien que la collection ! L'événement doit être minimal et surtout ne pas nuire à la concentration des publics.
Mais on ne change pas sa nature. Balenciaga continue de créer l'événement, mais avec une intense subtilité, par un défilé 100 % digital "Capital B", en mode time-lapse, au 10 avenue George V à Paris. Ce défilé réservé uniquement aux réseaux sociaux, donc totalement inclusif, cherche à capturer une vie parisienne fantasmée par Demna.
Demna fascine toujours, il prend les codes du Quiet Luxury (absence de logo, tailoring, obsession de la qualité, monochromie...) pour mieux les tordre afin de créer une silhouette "Spleen Quiet Luxury", un glamour "Dark Goth", avec ces silhouettes comme inspirées des BD de Joann Sfar (Gainsbourg).
Demna devient héritier de Baudelaire et de son spleen parisien. Le spleen parisien possède le film : la pluie, la musique remixée de Piaf, les mannequins qui font la gueule, l'énergie noire de l'asphalte, la lumière en deuil...
Balenciaga ne se contente pas d'habiller les académiciens, elle se veut disciple de Charles Baudelaire pour mieux retrouver "le luxe, calme et volupté".
Et pour terminer cette chronique en beauté :
Vive Baudelaire, vive Balenciaga !