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« Le rôle des NFTs est de rendre des actifs virtuels interopérables d'un monde à l'autre. » Nicolas Romero, Futures Factory

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Comment implanter les sneakers tant dans le monde physique que virtuel ? Quel pourrait-être l'avenir des NFT Sneakers ? Décryptage avec Nicolas Romero, co-fondateur de la marketplace Futures Factory.

Journal du Luxe

Après les œuvres d'art, le luxe voit l'émergence des sneakers NFT. Comment expliquez-vous ce phénomène ?

Nicolas Romero

Les NFTs ont toujours été alliés à des actifs virtuels mais ils peuvent être associés à des produits physiques. Qu'il s'agisse de l'un ou l'autre, la blockchain est une technologie qui permet de vérifier, posséder, authentifier et tracer des produits. La digital fashion est propulsée par les réseaux sociaux et les espaces virtuels qui commencent à vraiment se développer avec la réalité augmentée, la VR, les moteurs graphiques toujours plus performants... Les NFTs permettent à leurs propriétaires de porter leurs sneakers à la fois dans le monde réel et dans ce qu'on appelle le metaverse qui désigne les différents espaces virtuels où l'on pourra échanger, s'amuser, rencontrer du monde. Le rôle des NFTs est de rendre des actifs virtuels interopérables d'un monde à l'autre. 

Sur le plan culturel, il y a beaucoup de similitudes entre le monde de la sneakers et de la crypto : la rareté, les transactions pair à pair, la communication, la collaboration. Ce n’est pas étonnant que les deux univers commencent à faire des étincelles ! Il y a toujours eu un public niche amateur de concept kicks, ces sneakers au design tellement dingue qu’il paraît peu concevable pour une marque de les passer en production. Grâce aux NFTs, un designer va pouvoir créer une paire en 3D, permettre à des fans de sa communauté d'acquérir ses sneakers virtuelles, de les collectionner, de les échanger ou de les porter en réalité augmentée ou sur un avatar dans un jeu vidéo. Comme avec l’arrivée du format mp3, les NFT vont permettre à des artistes et des entreprises d'imaginer de nouveaux modèles économiques, de nouvelles interactions et de nouvelles expériences.

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Quel est le concept de Futures Factory ? Vous avez levé 2.5 millions de dollars : quels ont été vos arguments-clés ?

Nicolas Romero

Futures Factory est une communauté de designers et une marketplace de sneakers NFT. Il y aura deux types de produits sur la plateforme : les sneakers 100% virtuelles et les sneakers "Futures" qui seront virtuelles mais également disponibles en format physique. Nous avons rassemblé un collectif de designers, de marques et de passionnés qui ont compris qu’il y avait une opportunité dans le fait de repenser la façon dont on crée des sneakers, les distribue, les collectionne. Futures Factory ne sera pas uniquement une plateforme de vente et d'échange : nous avons bien compris que la priorité pour la communauté est d'avoir un lieu pour découvrir, communiquer et collaborer. Les social features seront très importantes sur FF. Cela fait quelques années que nous travaillons dans ce milieu : j'ai créé Satoshi Studio, la première marque de sneakers à utiliser des NFTs depuis 2018, et Alexandre Frih est l'initiateur de la blockchain Aura chez LVMH.

Nos arguments principaux sont que le web décentralisé constitue une énorme opportunité pour l'industrie créative et que nous sommes bien placés pour créer une infrastructure, avec les bons outils pour accompagner les designers et les marques. Nous n'avons pas réponse à tout mais nous avons réussi à constituer une belle communauté de designers et de marques, avec qui nous pouvons construire le projet.

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Nicolas Romero et Alexandre Frih ©Futures Factory

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La singularité de Futures Factory est de proposer le meilleur des deux mondes, digital et IRL.
Comment procédez-vous ?

Nicolas Romero

Un NFT agit comme un certificat de propriété et d'authenticité qui donne un accès à des services, expériences et cas d’usage dans le monde réel et virtuel. D’ici quelques années, il sera possible pour un consommateur d’acheter sa paire en boutique ou sur Futures Factory et de porter son digital twin sur un jeu vidéo ou un réseau social. Pour le virtuel, nous travaillons déjà avec d'excellents designers des plus grandes marques. Certains meurent d'envie de participer en leur nom mais savent que leur employeur sera réticent. Nous leur offrirons donc la possibilité de prendre part au projet en tant que "ghost designer". Nous voulons aussi organiser des concours et workshops afin d'offrir une opportunité d'apprendre et de se construire une audience pour les plus jeunes designers. Pour le réel, nous permettrons à des marques qui ont déjà une infrastructure de collaborer avec de talentueux designers, de proposer une expérience différente de l'e-commerce traditionnel qui est souvent purement transactionnel, de se connecter différemment à leur communauté. Les interactions qu'offriront les NFT entre les particuliers et les marques seront nombreuses.

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Robert Quach ©Futures Factory

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Comment se porte la valorisation des NFT Sneakers ? Comment voyez-vous le futur des Sneakers NFT ? Verra-t-on de nouveaux usages apparaître ?

Nicolas Romero

Difficile de parler de valorisation de sneakers NFT de manière générale car le marché est très jeune et complètement débridé... À terme, tout dépendra de la marque ou du designer, comme dans le monde réel. Nous voyons parfois des prix hallucinants mais, avec l’adoption rapide de ces nouvelles technologies et le changement de fonctionnement de certaines blockchains, il se pourrait que cela devienne plus abordable. Je l'espère en tout cas.

Il y a quelques semaines, à une conférence Ethereum, nous avons vendu deux paires de sneakers Satoshi Studio à plus de 70.000 dollars en faveur d'une ONG qui préserve la biodiversité et les animaux à Bornéo. J'en suis tombé de ma chaise, il s'agissait des meilleures ventes de la soirée et de très loin ! Contrairement au monde très fermé des designers stars des collaborations et des collectibles qui travaillent avec Nike ou encore Adidas, le nouveau marché des sneakers virtuelles permettra davantage de partenariats et d'opportunités pour les designers moins connus mais tout aussi talentueux. C'est d'ailleurs comme cela que de nombreux jeunes designers se font une place en créant des concepts kicks en 3D avec un univers, une identité qui leur est propre. Il est certain que nous verrons de nouveaux usages apparaître, que ce soit sur la façon de créer, sur la relation client, le financement, la distribution et la consommation.

Journal du Luxe

L'artisanat est-il compatible avec le monde des NFT ?

Nicolas Romero

Comme dit précédemment, on peut très bien associer un produit physique avec un NFT. Un produit artisanal est défini comme un produit fabriqué en pièce unique ou en petite série et met en jeu le savoir-faire d’un ou de plusieurs artisans. Si l'on suit cette définition, une œuvre numérique liée à un NFT coche toutes les cases. Aujourd'hui, les NFTs ont propulsé toute une classe d'artistes numériques, 3D designers, motion designers, AR/VR developers, etc.

On ne réalise pas tout le travail qu'il y a derrière certaines œuvres numériques. Alexandre, qui a longtemps travaillé chez Louis Vuitton, dit souvent que pour qu'une marque de luxe soit cohérente et authentique, il faut qu'elle soit aussi exigeante sur la fabrication d'un produit physique que d'un produit numérique. La période de la Renaissance était le Zénith de la créativité, de l'art et de l'expression. Aujourd'hui, on parle de "Digital Renaissance" avec l'émergence de moyens de financement, de soutien des artistes, d'infrastructures et d'outils de collaboration pour les créateurs. Ce ne sont pas mes mots mais ceux de Paula Findlen, une professeure de Stanford spécialisée dans l'histoire de l'art.

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Robert Quach ©Futures Factory

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