Chronique
LVMH ou l'art de communiquer ses performances records dans un monde en récession.
Publié le par Eric Briones
Les résultats exceptionnels du luxe ont paradoxalement complexifié sa communication financière. Comment satisfaire trois publics, aux intérêts contradictoires :
- Les Marchés Financiers (dépasser leurs prévisions).
- Les Actionnaires (la croissance des dividendes).
- Les Leaders d'Opinion (chasse aux supers riches dans le contexte explosif des retraites).
LVMH était attendu au tournant sur sa prise de parole institutionnelle après "ses résultats records" (ventes de 79,2 milliards d’euros et un résultat opérationnel courant de 21,1 milliards d’euros, tous deux en croissance de 23%) et une valeur boursière qui a été multipliée par 69 depuis 1988. Il n'a pas déçu en fixant des nouvelles règles en matière de communication financière qui seront difficiles à challenger pour ses concurrents.
Pour LVMH, l'art de communiquer ses performances financières est surtout de ne jamais en parler !
L'approche rappelle forcément l'un des principes bien connus : "l'art de la guerre, c'est de soumettre l'ennemi sans combat." Sun Tzu.
Pourquoi communiquer sur des chiffres que tout le monde connaît et qui déchaîneraient forcément les débats. Il faut surtout éviter toute forme de triomphalisme égoïste, ne jamais parler de croissance et encore moins des bénéfices mais d'investissement pour le bien commun.
Ainsi, LVMH dans sa campagne presse quotidienne nationale ne cite pas une fois ses résultats financiers, mais invente la notion de "Performance de l'Engagement" comme :
- 1er recruteur privé de l'hexagone en 2023 (15 000 recrutements) dont 39 000 jeunes de moins de 30 ans.
- 215 millions d'euros pour la formation de ses collaborateurs en France.
- 5 milliards d'impôts sur les sociétés dans le monde en 2022, dont près de la moitié en France.
- En France, il s’acquitte de 50% de son impôt alors que le groupe n’y réalise que 8% de ses ventes.
- Sur 10 ans, il a payé près de 13 milliards d’impôts sur les sociétés en France.
- Leadership en matière de transparence et de performance concernant la protection du climat, des forêts et de l'eau. Il est l'une des 12 entreprises dans le monde à avoir obtenu un triple A sur plus de 15 000 entreprises notées.
Le luxe est décidément un secteur singulier qui maîtrise comme personne l'excellence, surtout en matière de communication financière. C'est ça "la performance de l'engagement".