« Nos prévisions pour le Luxe en 2024 sont assez optimistes » Erwan Rambourg, HSBC

Nos perspectives sont en effet plutôt positives, avec une croissance estimée à environ 8% au dessus des attentes du consensus. Une prévision qui devrait s’expliquer par l’ouverture de nouvelles boutiques, donc l'augmentation des surfaces de vente mais aussi une légère augmentation de prix et un effet de mix où les acheteurs achèteront en moyenne des produits plus haut de gamme. Toutefois, il est possible que le marché du Luxe voit un léger recul en termes de volume de ventes.

Là encore, nos prévisions sont assez optimistes et ce, en raison de plusieurs constats : les Maisons de Luxe sont globalement encore peu connues aux États-Unis, ce qui laisse présager un potentiel encore important de développement; par ailleurs, les différences de prix avec l’étranger tendent à s'amenuiser, les clientes américaines n’ont plus intérêt à reporter leurs achats en prévision d’un prochain voyage. Enfin, la clientèle aspirationnelle a disparu il y a 15 mois déjà aux USA donc même si nous n’attendons pas un retour de cette clientèle, elle ne peut pas disparaître deux fois de la base !

C’est un pays qu’il ne faudra pas sous-estimer en 2024, car ici aussi les prévisions sont à l’ouverture de nouvelles boutiques en complément des magnifiques concept-stores déjà existants. De plus, les consommatrices resteront plutôt en Asie, avec des destinations phares comme le Japon qui attire de plus en plus au-delà de la dimension shopping pour son aura culturel.

Chez HSBC, nous conseillons d’investir quand la croissance s'accélère et de réfléchir quand la dynamique décélère… Aussi, pour le Luxe il est plutôt recommandé d’attendre le printemps 2024 pour devenir plus constructif, afin d’anticiper une potentielle accélération sur le second semestre 2024.

Hermès sort du lot et reste la seule société cotée en Bourse dont la demande excède encore l’offre, principalement sur la maroquinerie, mais qui représente 43% du chiffre d’affaires de la Maison. C’est plus mitigé du côté de Kering, où de nombreuses questions se posent sur les différentes marques du groupe et notamment Gucci, dont on espère une stabilisation en termes de parts de marché. 

Il ne faudra pas céder à la morosité ambiante, car je crois profondément que le Luxe est corrélé à la nature humaine et a ce besoin d’avoir toujours près de soi un échappatoire qui nous permet, au quotidien, de rêver et de voyager sans bouger de chez soi.

Par ailleurs, je pense qu’il serait bon pour les Maisons de Luxe de se reconnecter, en 2024, avec leur clientèle aspirationnelle qu’elles ont, pour beaucoup, perdu en raison de la hausse des prix. Une stratégie peut donc être de se réapproprier des secteurs tels que la Beauté et les Spiritueux qui rendent le Luxe accessible.