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Pourquoi regarder la série Succession (OCS) est indispensable si l'on travaille dans le luxe.

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Vous ne le savez peut-être pas, mais dans une autre vie, j'ai été pendant 18 mois chroniqueur série-tv et tendance chez France Inter pour la grande Colombe Schneck.

Success(ion) Story.

Les séries sont une passion et un pilier fondamental des observatoires que je réalise. Je ne vais pas vous parler - comme tout le monde - du surcoté Squid Game (on ne parle pas assez de l'importance de l'algorithme Netflix qui a placé automatique Squid Game N°1 sur toute la planète, inventant à la même occasion le seul outil de Buzz Marketing qui marche à tous les coups), mais de la série Succession de Jesse Armstrong dont la diffusion de la saison trois a débuté le 18 octobre sur OCS.

Je ne reviendrai pas non plus sur les qualités exceptionnelles d'écriture, le rythme effréné, les influences shakespeariennes, la musique diabolique, la beauté de la réalisation, la sociologie des médias US...

Je suis fasciné par le miroir tendu par "Succession" aux ultra-riches américains et à leur rapport au luxe. La série permet d'accéder à une cartographie extrêmement fine de cette catégorie de consommateurs et ce, sur plusieurs générations.

  • L'entente armée entre les old money conservateurs (la famille républicaine Roy, inspirée des Murdoch, propriétaires de Fox News) et les old money progressistes (la famille Pierce inspirée des Sulzberger, propriétaires du New York Times) qui se détestent foncièrement mais sont obligés de travailler ensemble, révolution digitale oblige.
  • La guerre générationnelle entre les parents Boomers (Logan Roy) et leurs enfants Millennials (Romulus, Kendal, Siobhan Roy), les "Dardevil Héritiers". Les "Dardevil Héritiers" sont passionnants à étudier, coincés entre le marteau d'une tradition à perpétuer et l'enclume d'une liberté à conquérir.
  • Les new money issus du monde des nouvelles technologies, les "Self Made Men Millionaires" (Laurence Yee). Epris de méritocratie, sûrs d'eux, ils développent une haine profonde envers les "Dardevil Héritiers" qu'ils veulent remplacer.

Ces tribus ont un rapport au luxe et aux marques fascinant à décrypter. Ici, l'objet de luxe est un élément vital du quotidien mais la notion de plaisir y est vidée de sa substance. Comme cette scène culte du premier épisode où le futur beau fils du patriarche Logan Roy offre une Patek Philippe en disant fièrement : "Its incredibly accurate. Every time you look at it it tells you exactly how rich you are."

Oui, regarder Succession est à la fois un plaisir pour l'esprit et aussi une réelle expérience d'immersion dans les tribus-clés du luxe américain.

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