Christophe Israël stockman

Exclusif

« Nos bustes de couture s'adaptent aux demandes des maisons et à leur image » Christophe Israël, PDG Stockman

Publié le par

Depuis près de 150 ans, Stockman se positionne comme la référence des bustes de couture. Entre évolution des morphologies à travers les décennies et impact de la technologie, échange avec Christophe Israël, PDG de l'entreprise.

Journal du Luxe

Quelle est l'histoire de la marque ?

Christophe Israël

La marque a été fondée en 1867 par le couturier Frédéric Stockman. A l'époque, il n'existait pas de produits pour créer les modèles. Il a donc lancé ce procédé de buste en papier mâché, moulé en bosse ou en creux, puis agrafé, poncé, ouaté et, enfin, recouvert de toile en lin ou en coton. Depuis, la technique n'a pas changé et nos pièces continuent, dans ce respect de l'artisanat, de permettre à divers ateliers d'élaborer leurs collections ou leurs vêtements sur-mesure. 

stockman buste couture
©DR

Journal du Luxe

Avec quelles maisons travaillez-vous ?

Christophe Israël

Nous travaillons avec presque toutes les maisons de luxe en France et en Europe, de Givenchy à Balenciaga en passant par Dior, Chanel et Jean Paul Gaultier. Outre les collections de couture et de prêt-à-porter, les marques haut de gamme font appel à nous pour des commandes spécifiques liées à leurs clients VIP. Je me souviens qu'une grande maison nous avait demandé un buste pour l'amener à Bangkok et le comparer à la morphologie de la reine de Thaïlande. Le couturier en question m'avait expliqué qu'ils emmenaient le modèle pour le modifier sur place, grâce à des coussinets, afin de parfaitement représenter le corps de la cliente. C'est la caractéristique de notre métier : se positionner sur de l'ultra sur-mesure.

Stockman collabore aussi avec des théâtres, des musées, des écoles de mode, des opéras et, plus récemment, des entités audiovisuelles comme Netflix pour des costumes. Nous avons par exemple créé des bustes pour Luciano Pavarotti.

musee stockman buste
©DR

Journal du Luxe

Quelles sont les évolutions majeures en termes de morphologie ? 

Christophe Israël

La principale évolution, tous domaines confondus, est la taille des modèles, due au fait que les gens ont beaucoup grandi à travers les décennies. Au début du siècle dernier, les formes des bustes étaient notamment liées à l'usage du corset, avec des tailles très fines. Ces dernières se sont ensuite élargies. La démocratisation de l'activité physique et de la bonne santé a engendré des corps plus athlétiques. Aujourd'hui, la tendance est assez similaire et s'axe autour d'une taille longiligne et plutôt fine, même s'il n'y a pas un modèle standard chez Stockman. Nos bustes de couture s'adaptent aux demandes des maisons de luxe, qui valorisent une certaine image du corps et une identité qui diffèrent de marque en marque.

Chaque couturier à son propre style et notre rôle est de répondre à leurs besoins. Il y a quelques années, pour les collections homme, Saint Laurent nous avait demandé des bustes excessivement fins quand Ralph Lauren en voulait des plus ventrus et charnus. Il était intéressant de voir qu'au même moment, peu importe la tendance, deux maisons haut de gamme avaient des commandes complètement opposées. 

Les demandes divergent aussi selon les régions. Aux Etats-Unis, où nous travaillons beaucoup en présentation, les formes sont plus généreuses, les tailles sont plus grandes et massives. En Afrique et au Moyen-Orient, nous avons des demandes avec des formes plus courbées, plus voluptueuses. En Asie, la demande est davantage tournée vers des corps très fins, très menus. En Europe, les corps restent fins mais les lignes sont plus dessinées, parfois plus athlétiques.

stockman interview christophe israel
©DR

Journal du Luxe

Comment utilisez-vous la technologie dans vos ateliers ?

Christophe Israël

Nous restons un atelier d'artisanat avec un savoir-faire ancestral, d'ailleurs récompensé du label Patrimoine Vivant que nous avons reçu en 2012. Depuis une dizaine d'années, Stockman s'est mis à la 3D pour scanner les bustes, et parfois les corps, et les présenter aux couturiers qui peuvent avoir un rendu concret de leur commande et nous demander d'éventuelles modifications. Si le travail à la main est notre cœur de métier, la technologie est une aide importante pour les demandes spécifiques. 

Christophe Israël stockman

Exclusif

Christophe Israël ©DR

Mode