Romain Barbo

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« La contrainte devient moteur de créativité : il s’agit de partir de la ressource disponible pour créer de nouvelles collections. » Romain Brabo, Nona Source

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Rencontre avec Romain Brabo, cofondateur de Nona Source, plateforme dont la mission est de revaloriser les surplus (deadstocks) de tissus des Maisons de luxe.

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Comment est née l’idée de Nona Source ? 

Romain Brabo

C’est en 2015, alors que j’étais sur un poste d’acheteur matières chez LVMH, que j’ai constaté un surplus de matières très important. Alors certes, mieux vaut des deadstocks de matières que de produits, mais il s’agit de tissus non utilisés et qui ne pouvaient pas profiter aux jeunes créateurs et designers du fait de quotas imposés sur des minimums de volumes, ou de montant de commande par les Maisons de Luxe. 

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Un concept né grâce à l'intrapreunariat ?

Romain Brabo

Tout à fait, nous avons pu, à trois intrapreneurs, tester le concept dès 2020 grâce au programme DARE qui soutient les initiatives intrapreunariales au sein du groupe LVMH et Nona Source a officiellement été lancée en 2021. 

"Ce qui nous a plu dans ce projet c’est notamment un véritable changement de paradigme concernant les tissus non utilisés, qui ne sont plus considérés comme des déchets mais bien comme une ressource que l’on peut mettre à disposition des jeunes créateurs. On est donc dans une vraie solution d’upcycling à dimension sociale et sociétale", Alexandre Capelli, LVMH Group Environmental Deputy Director chez LVMH.

Nona Source
© Nona Source

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Qui sont vos clients ?

Romain Brabo

Ce sont d’un côté principalement les Maisons du groupe LVMH, même si d’autres Maisons sont en train de nous rejoindre. Tandis que du côté des acheteurs, ce sont les jeunes créateurs et les marques comme Nensi Dojaka et Cecilie Bahnsen, ainsi que quelques marques emblématiques dont Stella McCartney et Le Bon Marché. Ils font le choix du deadstock et se contraignent à créer avec des matières existantes pour produire des collections avec un des plus faibles impact environnemental.

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Quel est le mode de fonctionnement ?

Romain Brabo

Les tissus sont vendus au rouleau sur notre plateforme en ligne et sont également présentés dans notre showroom dédié à tous les professionnels de la mode et du design, situé à La Caserne, le plus grand accélérateur dédié à la transition écologique de la filière mode et luxe (Paris 10e).

La contrainte devient ainsi moteur de créativité, où il s’agit de partir de la ressource disponible pour créer de nouvelles collections.

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Vous accompagnez aussi les étudiants ?

Romain Brabo

En effet, nous organisons une fois par an, à la rentrée, une grande braderie qui est destinée aux étudiants, avec des tissus disponibles en très petite quantité et vendus à des prix qui leur sont accessibles. Cette année, elle se déroulera à La Caserne du 24 au 28 octobre. Tous les étudiants peuvent s’inscrire pour profiter de cet événement exceptionnel. 

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Quels sont les premiers résultats ? 

Romain Brabo

Nous sommes aujourd’hui 15 collaborateurs et nous avons permis le réemploi de plus de 100 tonnes de textiles. En 2022, ce sont plus précisément plus de 190 000 mètres de tissus qui ont été upcyclés, et l’ambition est dans le futur d’élargir notre proposition à d’autres matières comme le cuir. L’objectif est de devenir la solution de référence dédiée au réemploi pour toutes les marques de luxe, et une plateforme incontournable de sourcing pour les professionnels du secteur.

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