Chronique
Chez Prada, la pub devient un art conceptuel.
Publié le par Eric Briones
L'art est devenu, pour le meilleur et pour le pire, la martingale du marketing du luxe.
L'art a mille vertus pour le luxe. Il permet de triompher des algorithmes (95% du parcours de vente d'un objet de luxe est influencé par le digital), il crée un lien émotionnel immédiat, il permet de connecter à des micros communautés, il est synonyme de qualité et d'une rareté perdue, il est marqueur d'engagement social...
Le défi pour le luxe est de ne pas paraître comme un opportuniste de l'art, de ne pas devenir un descendant des riches entrepreneurs du roman "Les Illusions Perdues" de Balzac.
Prada Group est la maison à suivre sur le sujet. Inspirée par Miuccia Prada, elle n'utilise pas l'art, elle l'aime, le respecte, converse avec lui, sans jamais se croire au-dessus de lui. La dernière campagne"The Glass Age" est un chef d'œuvre, construit autour des obsessions de l'artiste conceptuel Alex Da Corte et du magnétisme de l'actrice Scarlett Johansson, rythmée par les paroles hypnotiques :
Le décryptage conceptuel de "l'ère du verre" est fascinant par Da Corte : "En 1918, une technique appelée le procédé Bicheroux a éliminé les limites longtemps imposées à la taille d'une feuille de verre, et son invention a donné naissance à l'ère du verre. C'est une période au cours de laquelle nous désirons à travers le verre, et le verre reflète, illumine, isole, couve et élève les objets de nos désirs. Le verre l'a d'abord fait dans les vitrines des grandes galeries marchandes d'Europe, et il le fait aujourd'hui à travers les écrans de nos poches. L'objet derrière le verre gagne en puissance."
Le verre comme ultime catalyseur de nos désirs, voici une belle métaphore sur la place de l'art dans le luxe.